On ne badine pas avec la sécurité économique

Khemaïs Chammarri, qualifié de « traître » par la presse tunisienne. © AFP

Khemaïs Chammarri, qualifié de « traître » par la presse tunisienne. © AFP

Publié le 22 juin 2010 Lecture : 1 minute.

Cinq ans de prison, plus une sanction civile : c’est ce que risque désormais tout Tunisien qui entrerait en « contact direct ou indirect » avec des étrangers afin de porter préjudice à la « sécurité économique » du pays. Cet amendement gouvernemental à l’article 61 bis du code pénal a été adopté par le Parlement, à la quasi-unanimité, le 15 juin.

Qui est visé ? Devant les députés, Lazhar Bououni, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, a estimé que « la formulation d’une opinion, même si elle entraîne un préjudice, ne saurait être criminalisée ». En revanche, la loi punira à l’avenir toute personne « incitant des parties étrangères à ne pas accorder de crédits à la Tunisie, à ne pas investir dans le pays ou à boycotter le tourisme ». Le même jour, Abdelwahab Abdallah, ministre-conseiller auprès du président Ben Ali chargé des Affaires politiques, mettait en cause une « minorité dépourvue de tout sens patriotique » qui rêve « d’entraver la promotion de la Tunisie au rang de “partenaire avancé” de l’Union européenne ».

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Parmi les ténors de la société civile pris pour cible figure Khemaïs Chammarri, un vétéran des droits de l’homme que des médias locaux qualifient volontiers de « traître ». La Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) voit dans la nouvelle loi « un danger pour les libertés publiques ». Elle est faite pour « terroriser l’opposition », renchérit Mustapha­ Ben Jaafar, le très modéré secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL). Avant le vote du Parlement, le mouvement Ettajdid avait quant à lui demandé le retrait pur et simple du projet de loi.

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