Les cornes de l’Afrique
On ne parle que d’elle ! La vuvuzela, cette longue trompette en plastique utilisée (au départ) par les supporteurs sud-africains, est sur toutes les lèvres. Depuis le début du Mondial, elle est devenue le symbole incontesté de la compétition, mais aussi, et surtout, la cible de toutes les polémiques.
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 21 juin 2010 Lecture : 2 minutes.
On ne parle que d’elle ! La vuvuzela, cette longue trompette en plastique utilisée (au départ) par les supporteurs sud-africains, est sur toutes les lèvres. Depuis le début du Mondial, elle est devenue le symbole incontesté de la compétition, mais aussi, et surtout, la cible de toutes les polémiques.
C’est d’ailleurs un phénomène sans précédent dans cette compétition : jamais un simple objet n’avait fait autant de bruit, au sens propre comme au figuré. La corne hypertrophiée ne fait pas qu’irriter les tympans, elle en horripile certains au plus haut point. Les joueurs qui ne s’entendent plus, les entraîneurs qui ne peuvent plus souffler dans les bronches de ces derniers, les diffuseurs qui s’arrachent les cheveux pour que l’on puisse mieux écouter les commentaires de leurs consultants recrutés à prix d’or, les nostalgiques des bons vieux hooligans imbibés de bière et de leurs chants aux jeux de mots finement ciselés vantant les mérites du pugilat et du nationalisme… N’en jetez plus, le vrai problème de cette Coupe du monde, qui se déroule par ailleurs sans accrocs, contrairement à ce que pronostiquaient certains experts vissés à leurs canapés, c’est cette trompette de la mort. Les vuvuzelas nous donnent l’impression d’avoir plongé la tête dans un essaim géant de frelons ? Et alors ? Depuis quand les stades de football, véritables temples du bruit, sont-ils devenus des lieux de recueillement ?
Ces instruments à vent (de folie), en tout cas, personne n’a forcé les dizaines de milliers de supporteurs présents dans les enceintes sud-africaines à les utiliser. Leur joie, claironnée à longueur de matchs vers les cieux, ne fait-elle pas partie de cette fameuse ambiance tant recherchée ? Si, répond l’excellent attaquant espagnol David Villa : « Elles apportent une belle ambiance et de l’émotion. » Même son de cloche chez le défenseur anglais Jamie Carragher, sommé par sa progéniture d’en ramener une pleine caisse au domicile familial. Les vuvuzelas ont visiblement un effet envoûtant. L’objet se vend comme des petits pains pas seulement en Afrique du Sud, mais un peu partout dans le monde, notamment en France et en Grande-Bretagne, où des députés n’ont pas hésité à en imiter le son pour exprimer leur mécontentement en plein hémicycle. Des syndicalistes européens ont déjà passé commande pour donner plus d’écho à leurs prochaines manifestations. Même si cela ne durera qu’un mois, l’Afrique est bien devenue le centre du monde…
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