A quand la démocratie économique ?

Publié le 22 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Le 27 juin, en Guinée, les électeurs vont se rendre aux urnes pour choisir le président de la République. Ils y retourneront très vraisemblablement le 18 juillet pour le second tour de l’élection. Si le processus n’est pas bloqué par un choc majeur, celui qui sera élu prendra ses fonctions à la fin du mois de juillet. Six mois plus tard, à la faveur d’élections législatives, l’Assemblée nationale va être installée. Le retour à la normalité institutionnelle aura coûté des mois d’efforts, mais également et surtout plus de 200 milliards de francs guinéens, soit 32,5 millions d’euros, aux finances publiques sinistrées du pays. Pour quel résultat ? La Guinée aura toutes les apparences d’une démocratie, comme d’autres États avant elle en Afrique.

Avoir un président dit démocratiquement élu et des institutions dites républicaines ne va toutefois pas changer grand-chose au quotidien des Guinéens, qui, selon la boutade consacrée à Conakry, « ne voient même plus le diable pour lui tirer la queue ». Certes, les bailleurs de fonds internationaux reprendront leur coopération rompue avec le pays, quelques investisseurs arriveront, la croissance reviendra… Mais la croissance ne se mange pas. Tout comme la démocratie.

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Réputés être des modèles en la matière en Afrique de l’Ouest, le Sénégal, le Mali et le Bénin n’ont pas vu la pauvreté de leur population reculer. Ils n’ont pas non plus pu donner des emplois à leur jeunesse désœuvrée. Si les institutions élues sont gages de stabilité de la vie politique, elles ne sont pas toujours porteuses de mieux-être économique.

L’Afrique a besoin de démocratie économique, celle-là même qui introduit l’équité dans la gestion des deniers publics. À quoi servent les élections si elles installent des pouvoirs qui vampirisent les ressources de l’État et condamnent leurs peuples à vivre dans la misère ? Quel est leur sens si elles permettent tout simplement d’arbitrer la lutte entre des aristocraties rivales, qui se relaient aux commandes pour se servir et non pour servir ?

La vraie démocratie commence par la remise à chacun de ce qui lui revient dans ce qui appartient à tous. Autant dire qu’elle n’existe pas sous les tropiques. Dans un contexte de déliquescence de l’enseignement public, seuls les enfants des « gens d’en haut » sont formés dans les bonnes écoles, essentiellement privées. Avant d’être pistonnés pour accéder aux emplois les plus convoités. Tout fonctionne suivant le même principe discriminatoire, de l’organisation des concours d’accès à l’administration à l’attribution de titres fonciers, en passant par la délivrance de documents administratifs et la distribution de la justice. Ceux qui ont « le bras long », les mêmes, s’en sortent toujours et partout. Ceux qui ne l’ont pas, souvent les mêmes sur plusieurs générations, ne sortent jamais et nulle part.

À quand la démocratie économique garantissant, au-delà des textes constitutionnels, les mêmes droits à tous, l’égal accès de tous aux ressources publiques, à une formation correcte, à l’emploi, à la propriété foncière, à une justice équitable ? C’est surtout de cette démocratie-là que les Africains ont besoin. 

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