Un contrat dur comme fer

Le consortium chinois Wisco a obtenu le droit d’exploiter le plus gros gisement du pays. Montant de l’opération : 6,7 milliards d’euros. Une aubaine pour le régime.

Publié le 24 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

C’est un petit rayon de soleil dans l’épaisse grisaille malgache. Ou plutôt une bouffée d’oxygène pour la Haute Autorité de la transition (HAT) qui régit la Grande Île. Quelques jours avant l’annonce par l’Union européenne de la suspension de ses aides à Madagascar, le ministre des Mines et des Hydrocarbures, Mamy Ratovomalala, n’a pas caché sa joie lorsqu’il s’est agi de révéler, le 25 mai, la signature d’un contrat d’envergure dans le domaine des mines. Deux ans après le lancement de l’appel d’offres (sous l’ère Ravalomanana), le consortium chinois Wisco (Wuhan Iron and Steel Corporation) a obtenu le droit d’exploiter, pour une période de trente ans, les mines de fer de Soalala – une commune de la côte Ouest – qui renfermeraient 600 à 700 millions de tonnes de fer. « Il s’agit de la plus grosse réserve du pays », indique Jaona Randrianarisoa, secrétaire général du ministère des Mines et des Hydrocarbures.

Pour l’Etat, une manne importante

la suite après cette publicité

Selon les autorités, le contrat avoisine les 8 milliards de dollars (6,7 milliards d’euros) et pourrait générer « au moins » 100 000 emplois. « Ce projet est le premier permis minier délivré par le gouvernement de transition après l’assainissement du secteur minier. Il marque la confiance des investisseurs envers le régime », se réjouit-on du côté du ministère des Mines. Il y a de quoi : Soalala est le plus grand projet minier jamais lancé à Madagascar, loin devant celui d’Ambatovy (nickel et cobalt, 4 milliards de dollars), et assure d’ores et déjà une manne importante à l’État – le Trésor public aurait encaissé 100 millions de dollars au titre de la mise à disposition du gisement. Durant la première phase de recherche, qui pourrait durer jusqu’en 2013, l’État devrait empocher 600 millions de dollars par an grâce à l’impôt sur les bénéfices et 228 millions de dollars en redevances.

Le projet prévoit en outre le développement de plusieurs zones d’investissement dans une région jusqu’à présent sous-équipée, où l’aquaculture fait figure de seule industrie : une zone industrielle d’un coût de 1,2 milliard de dollars, une zone portuaire (3,4 milliards), une centrale hydraulique (2 milliards)… Wisco s’est également engagé à construire sur place des usines de transformation.

Le 1er juin, Mamy Ratovomalala a effectué une tournée dans la région pour présenter le projet aux habitants. « Le soleil va désormais se lever à l’ouest ! » s’est exclamé un élu local. Mais déjà, des voix s’élèvent. Les opposants politiques dénoncent la signature par un gouvernement non reconnu d’un contrat « qui engage les Malgaches pour plusieurs décennies ». Des ONG regrettent en outre « l’opacité entretenue autour du contrat » et s’inquiètent du « sort qui sera réservé aux paysans qui vivent actuellement sur les territoires concernés ».

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires