Hakan Fidan,
 tête de Turc d’Israël

Le 28 mai, trois jours avant qu’un commando israélien lance un raid meurtrier contre le Mavi Marmara au large de Gaza – causant, selon le chef de la diplomatie turque, des « dommages irréparables » aux relations bilatérales –, Hakan Fidan, 42 ans, devenait le patron du MIT, les services secrets turcs.

Hakan Fidan, le nouveau patron des services de renseignement turcs. © Ali Haydar Yurtsever/A.A./SIPA

Hakan Fidan, le nouveau patron des services de renseignement turcs. © Ali Haydar Yurtsever/A.A./SIPA

JOSEPHINE-DEDET_2024

Publié le 17 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Une nomination qui, à en croire Amir Oren, journaliste au quotidien israélien Haaretz, « préoccupe » grandement l’État hébreu. D’abord parce que Fidan est un proche conseiller de Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre, et d’Ahmet Davutoglu, le ministre des Affaires étrangères, qui, en Israël, ne passent pas précisément pour des « amis ». Le premier en raison de ses virulentes critiques des assassinats ciblés, de la colonisation, de l’opération Plomb durci et du blocus de Gaza. Le second en raison de sa connivence supposée avec l’Iran et de sa proximité avec les dirigeants du Hamas palestinien. En février 2006, n’avait-il pas invité une délégation de ce parti à se rendre en Turquie, au grand dam des Israéliens ?

Ensuite, parce que les responsables du Mossad étaient habitués à coopérer étroitement avec un MIT dominé par l’establishment militaire, artisan des accords de défense entre les deux pays (1996). Ils voient donc dans la nomination d’un proche du gouvernement islamo-conservateur une preuve supplémentaire de la mainmise croissante de ce dernier sur les principaux leviers du pouvoir, au détriment de l’état-major, laïc et pro-occidental.

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Nouvelle diplomatie

Enfin, parce que les Israéliens estiment que Fidan est l’un des principaux inspirateurs de la nouvelle diplomatie turque, qui s’émancipe de la tutelle américaine et de la tentation européenne pour jouer la carte du monde arabo-musulman et, au-delà, des nations émergentes. Représentant d’Ankara à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en 2009, Fidan y a défendu le droit de Téhéran à disposer d’un programme nucléaire « à des fins pacifiques ». Et il aurait contribué à la rédaction de l’accord nucléaire tripartite signé, le 7 mai dernier, avec l’Iran et le Brésil.

Même s’il n’est pas établi que Fidan a des liens avec l’IHH, l’organisation turque propalestinienne qui a coorganisé l’opération de Gaza, Amir Oren affirme que le transfert d’informations sensibles d’Israël vers la Turquie sera désormais « limité », de peur que ces renseignements ne soient communiqués « à des organisations ou à des États ennemis ».

Fâcheuse coïncidence : ce même 31 mai, sept soldats turcs ont été tués lors d’une attaque de séparatistes kurdes du PKK contre une base navale, près d’Iskenderun (Sud-Est). Or, depuis la guerre d’Irak, en 2003, Ankara accuse Tel-Aviv d’entretenir des relations suivies avec les Kurdes d’Irak du Nord. De là à penser que le PKK bénéficie d’un soutien militaire des services israéliens, voire que ces derniers sont derrière l’attaque d’Iskenderun, il n’y a qu’un pas que nombre de journalistes et de responsables politiques turcs n’ont pas hésité à franchir. Sans preuve, encore.

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