Tripoli expulse… le HCR
Le bureau du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés a été prié par les autorités libyennes de plier bagage. Une décision aussi inattendue qu’incompréhensible.
Le 2 juin, le bureau du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) à Tripoli a eu la désagréable surprise de recevoir une notification officielle l’intimant de cesser toute activité et de quitter le sol libyen. « C’était une lettre très courte, qui ne donnait aucune explication motivant cette mesure », indique William Spindler, porte-parole du HCR à Paris.
Le 8 juin, un communiqué lapidaire du ministère libyen des Affaires étrangères justifie cette décision en ces termes : « La Libye, qui n’est pas signataire de la convention de Genève sur les réfugiés de 1951, ne reconnaît pas l’existence d’un bureau du HCR sur son territoire. Par conséquent, toute activité entreprise par ce bureau est illégale. »
Le HCR n’a en effet jamais signé d’accord avec la Libye, mais l’agence onusienne disposait quand même d’un bureau à Tripoli depuis 1991. Et 26 personnes (3 internationaux et 23 nationaux) y étaient employées. En 2001, Tripoli avait même autorisé la nomination d’un représentant du HCR, pourvu que sa mission soit limitée. « Malgré l’absence de reconnaissance officielle, notre bureau travaillait normalement. Nous avions des contacts avec les autorités libyennes, nous visitions régulièrement des centres de détention et nous avions même signé un agrément avec une ONG libyenne », s’étonne William Spindler.
L’éviction du bureau du HCR est très préoccupante dans un pays où l’on dénombre 9 000 réfugiés et 3 700 demandeurs d’asile, pour la plupart originaires de Palestine, d’Irak, du Soudan, d’Éthiopie ou d’Érythrée. En l’absence d’un système de droit d’asile libyen, c’est le HCR qui se charge de donner un statut de réfugié aux migrants échoués en Jamahiriya et souvent en route vers l’Europe. Il leur fournit également des soins médicaux, des formations et une assistance juridique.
En septembre 2009, le haut-commissaire António Guterres avait estimé que la situation des réfugiés en Libye était « effrayante et les conditions de détention horribles ». Il avait appelé les pays européens, en particulier l’Italie, à ne pas refouler d’immigrés clandestins vers le sol libyen. Un constat sévère que les autorités libyennes ont modérément apprécié.
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