Saïd Sadi : historien sans tabou
Le devoir de mémoire ? Parlons-en, semble dire cet opposant de toujours, réfractaire aux compromissions et amoureux de la rhétorique. En signant un livre-enquête* sur le colonel Amirouche, un des héros les plus controversés de la guerre de libération, Saïd Sadi, 62 ans, a soulevé un vent de polémique. L’ouvrage nous apprend que les colonels Amirouche et Haoues (autre chef militaire de la révolution), tués au maquis en 1958, ont été « balancés » à l’armée coloniale par la direction du FLN et de l’armée des frontières. Pis : au lendemain de l’indépendance, le président Houari Boumédiène aurait fait séquestrer leurs restes au ministère de la Défense. Les deux héros n’auront droit à des obsèques solennelles qu’après la mort de ce dernier. Il n’en fallait pas plus pour que la famille révolutionnaire tire à boulets rouges sur ce « vendu » de Sadi, qui s’attaque « lâchement » à deux figures majeures de la révolution : Houari Boumédiène et Abdelhafid Boussouf, chef du ministère de l’Armement et des Liaisons générales (Malg, ancêtre des services secrets algériens). Pour les nationalistes purs et durs, le livre de Sadi, introuvable en librairie – les 10 000 exemplaires édités ont été écoulés dès le premier jour de sa mise en vente -, a pour vocation de faire diversion au moment où l’Algérie demande repentance à l’ancienne puissance coloniale. « Hizb França » (le parti de la France) est décidément une injure toujours en vogue.
* Amirouche, une vie, deux morts, un testament, édité à compte d’auteur, Alger, 2010.
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