Ben Youcef Mellouk : bas les masques !

Ben Youcef Mellouk, auteur de la liste des magistrats et haut fonctionnaires « faussaires ». © JA

Ben Youcef Mellouk, auteur de la liste des magistrats et haut fonctionnaires « faussaires ». © JA

Publié le 24 juin 2010 Lecture : 1 minute.

Pour avoir rendu publique, en 1992, une liste de magistrats faussaires, ce natif de la ville millénaire de Miliana, âgé aujourd’hui de 68 ans, a presque tout perdu, mais il n’a jamais renoncé à son combat : traquer les caciques du pouvoir qui se sont concocté un passé de révolutionnaires pour monopoliser les postes à responsabilités, accumuler rentes et privilèges au détriment des vrais combattants de la liberté.

C’est en 1976 que Ben Youcef Mellouk, alors inspecteur général aux affaires sociales du ministère de la Justice, s’aperçoit que des milliers de magistrats et hauts fonctionnaires étaient des imposteurs. Sur instruction du président Boumédiène, il compile les documents confondant les faussaires. Deux ans plus tard, le président est emporté par un mal fulgurant. La liste est prête, mais le nouveau pouvoir ne veut plus en entendre parler. Les gardes des Sceaux successifs refusent de prendre des sanctions et invitent Ben Youcef Mellouk à regarder ailleurs. « Il y va de ta vie et de celle de ta famille », lui lâche un ministre des Moudjahidine.

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En quoi une simple liste de faussaires constituerait-elle une menace pour l’État ? Les noms qui y figurent sont ceux de personnalités du sérail parmi les plus en vue. Ben Youcef Mellouk passe outre et rend publique la fameuse liste. Il est arrêté et emprisonné à Serkadji, haut lieu de la répression durant l’ère coloniale. Il est relâché et devra faire face à plusieurs procédures judiciaires. Cela dure depuis dix-huit ans. Privé de passeport, licencié du ministère pour « faute grave », il perd ses droits à la retraite et demeure toujours sous le coup de plaintes d’un ancien ministre de l’Intérieur. En janvier 2009, son passeport lui est enfin restitué, mais il n’a pas l’intention de fuir son pays, fût-il ingrat : « Pas question de renoncer. Les faussaires doivent payer. » Pour l’heure, c’est lui qui risque de continuer à payer. En mars 2010, la cour d’appel d’Alger l’a condamné à quatre mois de prison. Il s’est pourvu en cassation. Sans illusions, mais avec la satisfaction de n’avoir pas quitté le « front ».

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