Ferhat Mehenni : le « sniper » du berbérisme
Il aurait pu se contenter de gagner sa vie en remplissant les salles de concert. Il a choisi une autre voie. Chanteur de son état, Ferhat Mehenni, 56 ans, n’a ni le talent du poète Lounis Aït Menguellet ni l’aura du rebelle Matoub Lounès, assassiné par les Groupes islamiques armés (GIA) en juin 1998. Éternel numéro deux de la chanson engagée kabyle, Ferhat Mehenni refuse de l’être en politique. Il boude ostensiblement les partis qui militent pour la cause identitaire : le RCD de Saïd Sadi et le FFS de Hocine Aït Ahmed. Son refus de rejoindre un cadre légal de lutte lui vaut le surnom de « sniper » du berbérisme. En 2001, quand la Kabylie s’embrase de nouveau après la mort de Massinissa Guermah dans les locaux de la gendarmerie de Beni Douala, il reste fidèle à sa réputation et refuse de s’engager aux côtés des arouch, ces comités de villages qui représentent les protestataires kabyles. Pour lui, « pas de dialogue avec le pouvoir assassin ».
Il surfe cependant sur la vague identitaire et crée, en 2003, son Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), incarnant ainsi l’extrémisme berbériste. Sept ans plus tard, en mars 2010, il annonce, depuis Paris, la mise en place d’un gouvernement provisoire de la Kabylie. Réaction épidermique de la presse arabophone, qui en fait sa tête de turc, le couvre de noms d’oiseaux, annonce que le MAK est financé par les services marocains, encadré par le Mossad, aidé par la CIA et conseillé par la DGSE française. Bien entendu, le MAK n’est pas agréé par les pouvoirs publics, ce qui le confine dans le statut de groupuscule extrémiste. Ferhat Mehenni exclut cependant tout recours à la violence armée ; le troubadour est convaincu qu’un mot bien choisi peut faire aussi mal qu’une balle de kalachnikov.
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