RDC : le Katanga, un fief de chefs
Le Katanga attend son heure
Natif du nord de la province par son père, et du sud par sa mère, Laurent-Désiré Kabila était un enfant du Katanga. Pendant sa longue conquête du pouvoir, puis une fois au sommet, il s’est ainsi entouré de « frères » de l’ancien Shaba (le nom du Katanga de 1971 à 1997, « cuivre » en swahili). L’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), avec laquelle il a renversé le maréchal Mobutu Sese Seko, en 1997, comptait quelques « Tigres katangais », ces anciens soldats de Moïse Tshombé ayant fui après l’échec de la sécession. Le Mzee devenu chef de l’État, les Katangais contrôleront les rouages du pouvoir : armée, police, ministères, cabinet présidentiel. De cet héritage, Joseph Kabila a gardé certaines pièces maîtresses. Né à Lubumbashi, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda avait la confiance de Laurent-Désiré Kabila, qu’il a rencontré dès avant 1997. Il a aujourd’hui celle du fils, menant de grands programmes de désarmement en majeure partie financés par ce dernier.
Augustin Katumba Mwanke est aussi sur la liste des Katangais de Kinshasa. Repéré par Kabila père en 1997, originaire du sud de la province, dont il a été gouverneur, il est aujourd’hui l’éminence grise du chef de l’État. Simple député national du Katanga et sans titre officiel au cabinet présidentiel, il est de toutes les décisions stratégiques. Au sein de l’Alliance de la majorité présidentielle, la coalition de partis qui soutient Joseph Kabila, son surnom est l’« Autorité morale ».
Natif du Haut-Lomami (Nord) mais possédant une ferme à Lubumbashi, le général John Numbi a rencontré pour la première fois Laurent-Désiré Kabila en 1989. Il est ensuite resté dans le sillage familial pour devenir inspecteur général de la police, en juin 2007. Un poste qui lui a valu de traiter les dossiers sécuritaires les plus sensibles.
Mais celui qui passait pour indéboulonnable a été suspendu de ses fonctions le 6 juin dans le cadre de l’enquête sur la mort du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya.
Le « clan des Katangais » gouverne-t-il toujours à Kinshasa, comme il y a dix ans ? La décision de Joseph Kabila de mettre sur la touche son bras armé répond en partie à la question.
Lors de la présidentielle, en 2006, la province lui a été acquise. Il y a raflé 78 % des voix au premier tour et 94 % au second. Mais originaire du Maniema par sa mère, ayant grandi en partie en Tanzanie, son tropisme est nettement moins prononcé que celui de son père. « Il y a autour de lui des Katangais, c’est vrai, mais ils ne sont pas plus nombreux que les ressortissants des onze autres provinces », dit un observateur.
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