Fondation Zinsou : un lustre de création
Créée à Cotonou en juin 2005, il y a tout juste cinq ans, la Fondation Zinsou, consacrée à l’art contemporain africain, s’est rapidement imposée dans la cour des grands. Qu’on en juge : trois millions de visiteurs – dont une grande majorité d’enfants amenés par leur école –, vingt-quatre expositions, dix livres d’art publiés. Et de très jolis coups, comme le voyage, en septembre 2007, à Cotonou, des toiles du peintre américain Jean-Michel Basquiat, ou la coproduction, quelques mois plus tôt, avec le musée français du Quai Branly, d’une exposition sur le royaume d’Abomey.
Mais la Fondation Zinsou, c’est avant tout un travail au quotidien, qui permet aux artistes béninois d’avoir leur « musée à domicile ». Un précieux encouragement pour les jeunes talents, comme Tchif, et une consécration pour les créateurs plus renommés, comme Romuald Hazoumé, Zinkpè, Georges Adéagbo, Aston…
La recette : une jeune Parisienne, Marie-Cécile Zinsou (27 ans aujourd’hui), pressée de retrouver son pays ; une famille (notamment le père, Lionel, économiste et banquier réputé à Paris, et le grand-oncle, Émile-Derlin Zinsou, ancien président béninois) ; une volonté farouche convertie en un mécénat inventif ; et beaucoup d’audace. Pari réussi. Cette initiative « permet aux enfants de se réapproprier leur culture », se réjouit Galiou Soglo, le ministre de la Culture. « Cette jeunesse ardente et passionnée est exemplaire », ajoute Olivier Poivre d’Arvor, directeur (sur le départ) de Culturesfrance. « J’avais envie de faire quelque chose qui ait du sens pour mon pays », explique Marie-Cécile Zinsou, qui peut compter sur un budget annuel avoisinant les 800 000 euros, dont une grande partie est apportée par la famille.
Non seulement la Fondation a permis de constituer une collection d’art contemporain au Bénin (six cents pièces déjà), mais elle sert de point d’ancrage à d’autres initiatives. Il n’est pas certain, par exemple, que la première édition de Regard Bénin 1.0, consacrée aux arts plastiques, qui vient d’ouvrir à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance, aurait pu voir le jour sans cette locomotive lancée à grande vitesse.
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