On ne nous explique pas tout…

Fawzia Zouria

Publié le 17 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Avez-vous remarqué que plus les moyens de communication se développent, moins on comprend l’info ? Plus notre certitude de pouvoir tout saisir et d’avoir droit à la transparence est grande, plus fréquents sont nos doutes devant un florilège de propos qui ont le chic d’affirmer une chose et son contraire. J’en veux pour preuve ces exemples puisés dans l’actualité.

– Une étude récente sur les risques de tumeurs pouvant être liées à la téléphonie mobile, effectuée par une équipe d’honorables chercheurs et publiée dans la tout aussi honorable revue International Journal of Epidemiology, en arrive sans rire à la conclusion suivante : l’utilisation des mobiles n’a pas d’effets sur le cerveau, mais elle peut en avoir. « Ils nous ont expliqué l’eau par l’eau », dit l’adage arabe.

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– Sur la chaîne franco-allemande Arte, un très sérieux reportage diffusé mardi 18 mai a tenté de nous éclairer sur les raisons de l’hécatombe des abeilles. Réponse : si les reines du miel meurent, c’est à cause des insecticides, mais pas vraiment, en fait, on ne sait pas trop… Comme dirait un autre adage : « Heureux sont les sourds. Ils n’entendent pas les sornettes ! »

– Alors que les responsables politiques français nous affirment que Clotilde Reiss est une « étudiante innocente » qui ne faisait que mener des recherches universitaires à Téhéran, l’Iran et un ancien de la DGSE prétendent que la demoiselle espionnait pour le compte de Paris. Alors, Mlle Reiss, une taupe ou non ? On voudrait bien le savoir.

– Je croyais savoir que Nicolas Sarkozy défendait bec et ongles son bouclier fiscal et jurait ses grands dieux de ne jamais abandonner les riches. Et voilà que son plan retraites veut mettre à contribution les grosses fortunes pour alimenter le fonds commun. Moi, si j’étais riche – ou pauvre, d’ailleurs –, je demanderais au président de s’expliquer.

– Le Parti socialiste vient de proposer quant à lui un contre-plan retraites où il dit à peu près ceci : hors de question de toucher à la retraite à 60 ans, mais tout le monde peut travailler au-delà de cet âge. Cela s’appelle le menu à la carte. Moi, je dirais que cela ne nous change pas du restaurant PS qui a toujours ressemblé à une auberge espagnole.

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– Depuis que l’euro joue au yo-yo, l’Europe est sur les nerfs et nous aussi : on ne sait pas si la baisse de la monnaie unique est une bonne ou une mauvaise chose. Pour certains, oui, pour d’autres, non. Les importateurs ? C’est la cata ! Les exportateurs ? C’est tout bénef ! Et pour nous qui formons le contingent des consommateurs ? Y a personne pour nous l’expliquer !

Avouez que c’est le genre de déclarations qui vous pousse à conclure : je me désabonne des journaux, je divorce des politiques, je m’en vais dans mon bled, je zappe l’actualité. Le seul risque que je cours, personnellement, c’est de ne plus pouvoir vous livrer ma récolte des bêtises du monde glanées dans les médias. Et encore. Récemment, je me suis laissé dire, justement, que les gens en ont assez de m’entendre parler de l’islam et des fatwas, des femmes et de leurs burqas. Alors, ça vous dirait qu’on parle d’autre chose ? Eh bien, rendez-vous au prochain PS !

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