Le temps des femmes

Le président s’est pris les pieds dans le tapis à propos de l’Afghanistan : il a dû démissionner. Pour le remplacer, la ministre du Travail tient la corde.

La ministre allemande du Travail et des Affaires sociales, Ursula von der Leyen. © Dirk Vorderstraße

La ministre allemande du Travail et des Affaires sociales, Ursula von der Leyen. © Dirk Vorderstraße

ProfilAuteur_JeanMichelAubriet

Publié le 11 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Pour une fois qu’il ouvrait la bouche, c’est réussi ! Surnommé le « spectre du château » – celui de Bellevue, bien sûr, siège de la présidence allemande – en raison de son caractère effacé, Horst Köhler (67 ans) a été contraint de démissionner, le 31 mai. Dix jours auparavant, en tournée des popotes à Mazar-e Charif, dans le nord de l’Afghanistan, où la Bundeswehr maintient, contre l’avis d’une opinion plus que réticente, un contingent d’environ 5 000 hommes, il s’était, dieu sait pourquoi, lâché, jugeant « légitime » l’engagement allemand dans ce pays en raison de ses retombées « en termes de commerce, d’emplois et de revenus ». Ce cynisme ingénu a déplu.

Économiste et ancien directeur général du FMI (2000-2004), Köhler est resté haut fonctionnaire dans l’âme : les tours et détours de la politique lui sont largement étrangers, raison pour laquelle, d’ailleurs, la chancelière Angela Merkel l’avait imposé à la présidence fédérale, au détriment de l’encombrant Wolfgang Schäuble, son grand rival.

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Six ans après, ce dernier prendra-t-il sa revanche ? On en parle, mais l’hypothèse est peu vraisemblable : en pleine crise de l’euro, on l’imagine difficilement abandonner le ministère des Finances pour un poste honorifique. Le nom de Christian Wulff, patron du land de Basse-Saxe, est également cité, mais l’indiscutable favorite se nomme Ursula von der Leyen.

L’actuelle ministre du Travail et des Affaires sociales (52 ans) ne manque pas d’atouts. Membre depuis vingt ans de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti au pouvoir, et députée depuis l’année dernière, c’est une proche de la chancelière, très populaire de surcroît. Ministre de la Famille de 2005 à 2009, cette jolie mère de sept enfants, qui est médecin de formation, a contribué à faire évoluer enfin, un peu – les très conservatrices conceptions de son parti en ce domaine, multipliant notamment les créations de crèches pour permettre aux femmes de travailler. Accessoirement, elle a imposé la fermeture de plusieurs sites pédopornographiques sur le net.

Une femme à la chancellerie et une autre à la présidence de la République fédérale ? La photo ne manquerait pas d’allure. Un collège de grands électeurs en décidera, le 30 juin.

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