Les séropositifs moins discriminés
Aujourd’hui, en Afrique, seuls cinq pays limitent la délivrance de visas aux porteurs du virus du sida, et deux d’entre eux sont en voie de lever ces interdictions. Un progrès important alors que, dans le monde, un quart des États discriminent les séropositifs en les empêchant d’entrer ou de s’établir sur leur territoire.
En Namibie, le déclic s’est produit à l’occasion de l’organisation d’une réunion internationale consacrée au sida en juin 2009, à Windhoek. La rencontre avait failli être annulée ou avoir lieu ailleurs. Les participants avaient été choqués de constater que le demandeur d’un visa de touriste pour la Namibie doit révéler son statut sérologique.
« Ces restrictions vont disparaître. Elles donnent aux habitants d’un pays l’impression que le sida est une maladie étrangère et qu’un contrôle aux frontières peut les protéger, ce qui n’est pas le cas », explique Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onusida. Il a d’ailleurs indiqué à Jeune Afrique s’être entretenu personnellement avec le président de la Namibie et avoir obtenu l’assurance que le formulaire d’immigration serait modifié rapidement.
De la même façon, un projet de loi est actuellement en cours d’élaboration aux Comores pour ne plus discriminer les séropositifs. « Les mesures restrictives ont été mises en place dans les années 1990 lorsqu’on ne connaissait pas bien le virus. Maintenant, on sait que la maladie ne se transmet pas si facilement. Les restrictions ne sont plus justifiées en 2010 », explique Moono Nyambe, directrice de programme au Réseau mondial de personnes vivant avec le VIH/sida.
Malgré cela, certains pays, comme l’Égypte et le Soudan, exigent un test de sérologie négatif avant de délivrer un visa d’une durée supérieure à un mois. Ces pays procèdent même à l’expulsion de tout étranger porteur du virus. La Guinée équatoriale exige ce test même en cas de court séjour.
« En restreignant la liberté de mouvements des personnes vivant avec le VIH, on institutionnalise la discrimination. Pour protéger la population, l’État doit briser les tabous, pas discriminer », ajoute Moono Nyambe.
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