Obama et le patient ougandais

L’armée du « pasteur » Kony, affaiblie, ne prendra jamais Kampala mais continue de semer la terreur dans toute la région. Les États-Unis misent sur le développement économique pour arrêter le massacre.

Une victime de la LRA à l’hôpital de Tambura, dans le sud du Soudan, le 22 mai. © AFP

Une victime de la LRA à l’hôpital de Tambura, dans le sud du Soudan, le 22 mai. © AFP

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Publié le 18 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Les États-Unis sont depuis longtemps les alliés de l’Ouganda, considéré comme un îlot de stabilité dans la région des Grands Lacs. Reagan, Bush senior, Clinton, Bush junior et aujourd’hui Obama ont tous entretenu des relations cordiales avec le président ougandais Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986. Et tous l’ont soutenu dans sa lutte contre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) du « prophète » Joseph Kony, qui terrorise la région acholie, dans le nord du pays, depuis bientôt vingt ans. C’est donc sans surprise que Barack Obama a promulgué, le 24 mai dernier, une loi sur « le désarmement de la LRA et la reconstruction du nord du pays », qui engage son pays à accroître l’aide destinée à la protection des civils et à favoriser le redressement économique de la région. Obama a à cette occasion délivré un vibrant satisfecit au gouvernement ougandais pour ses actions en faveur de la région acholie et pour ses programmes de réintégration de ceux qui quittent les rangs de la LRA.

Pratiques barbares

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Depuis l’opération Lightning Thunder menée par les armées ougandaise et congolaise contre les hommes de Kony, en décembre 2008, la LRA est réduite à la portion congrue mais continue de semer la terreur entre le Congo, le Soudan et la Centrafrique. « Les chiffres sont sans doute minorés, mais, d’après le renseignement ougandais, la LRA compterait entre 500 et 2 000 hommes dispersés sur un territoire grand comme l’Espagne. D’ailleurs, le terme d’armée est impropre. Ils n’ont plus guère de contacts entre eux. Quant à leur financement, on parle de la diaspora acholie, mais on n’en a pas la preuve. « Aujourd’hui, la LRA est surtout une menace pour les populations, pas pour les États », estime Thierry Vircoulon, chargé de l’Afrique centrale à International Crisis Group (ICG), L’ICG évalue à 1 400 le nombre de victimes de la LRA depuis décembre 2008, dans les différents pays concernés. Enlèvements, viols, pillages, mutilations : les pratiques barbares des soldats de Kony – sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale depuis 2005 pour crimes contre l’humanité – n’ont pas changé au fur et à mesure que s’amoindrissaient leurs chances de prendre le pouvoir à Kampala. « Kony et les siens se cachent sur un territoire immense, sous-administré, où il est facile de disparaître », explique Vircoulon.

Protéger les civils

D’après l’ICG, l’option militaire privilégiant la capture ou l’élimination de Kony s’avère néanmoins insuffisante, d’autant que « l’Ouganda a compromis ses propres chances de succès en négligeant de coordonner son action avec ses partenaires, leur donnant ainsi peu de raisons de s’engager dans la lutte contre la LRA ». L’organisation milite pour une meilleure « division du travail » qui permettrait notamment à la Minus et à la Monuc, les missions des Nations unies au Soudan et en RD Congo, d’assurer la protection des civils dans les zones concernées. Sa voix a vraisemblablement été entendue puisque la résolution 1925 des Nations unies du 28 mai transforme la Monuc en « Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RD Congo » (Monusco) dans l’idée d’améliorer les moyens dont dispose le gouvernement congolais pour protéger efficacement la population, menacée entre autres par la LRA.

Quant à Museveni – déjà en campagne pour l’élection présidentielle de 2011 –, il ne fera pas l’économie d’efforts particuliers en faveur du Nord. Cause de bien des maux : la pauvreté, dont le taux atteint 30 % en moyenne dans le pays et culmine à 60 % en région acholie. 

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