Dans les coulisses du sommet de Nice
Pas de voyage pour Atta-Mills
John Evans Atta-Mills n’a pas fait le déplacement de Nice. Officiellement, le président ghanéen a été retenu à Accra en raison de la visite d’une délégation zimbabwéenne conduite par le vice-Premier ministre, Arthur Mutambara… À en croire des membres de la délégation ghanéenne, Atta-Mills aurait en réalité sacrifié le sommet Afrique-France à d’autres obligations : l’ouverture de la Coupe du monde de football (à laquelle participent les Black Stars ghanéens) et le sommet de l’Union africaine, fin juillet à Kampala. À l’époque où il était opposant, Atta-Mills n’avait pas de mots assez durs pour critiquer les multiples voyages à l’étranger de John Kufuor. Aujourd’hui, il demande aux ministres dont la présence à la Coupe du monde n’est pas indispensable de s’abstenir de se rendre en Afrique du Sud.
Fâché, Thambwe Mwamna
Alexis Thambwe Mwamba, le chef de la diplomatie de la RD Congo, qui représentait Joseph Kabila, a, le 30 mai, instamment prié Bernard Kouchner, son homologue français, de faire en sorte que la traditionnelle réunion des ministres des Affaires étrangères ne débouche pas, comme c’est trop souvent le cas, sur des généralités. Prière exaucée, au vu des débats houleux auxquels la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU a donné lieu : plus de six heures de discussions !
Dans la soirée, un incident survient. Il est 22 heures, le ministre a faim et tout le monde a déjà gagné le Palais de la Méditerranée, où Kouchner reçoit ses collègues pour dîner. Resté seul sur les marches du centre Acropolis, Thambwe Mwamba attend désespérément son véhicule. Une dame du protocole français intervient : « Excusez-nous, il est probable qu’une autre délégation ait emprunté votre véhicule par mégarde…
– Vous savez, je peux aussi bien louer une voiture, ce n’est pas un problème », lui répond Thambwe Mwamba, glacial.
Au bout de trente minutes, une voiture, enfin ! Comble de maladresse : elle n’a pas le fanion de la RD Congo. C’est une voiture de secours ! Pour manifester son agacement, le Congolais décidera de boycotter le dîner de Kouchner.
Salou Djibo surbooké
Infréquentables, les fauteurs de coups d’État ? Allons donc. Installé dans une suite de l’hôtel Exedra, le commandant Salou Djibo, chef de la junte au pouvoir à Niamey depuis le 18 février, a reçu la visite de Claude Guéant, le secrétaire général de l’Élysée, avec lequel il a parlé de l’évolution de la situation politique au Niger. Par la suite, il s’est également entretenu avec le Malien Amadou Toumani Touré et le Béninois Yayi Boni, ainsi qu’avec Anne Lauvergeon, la PDG du groupe nucléaire français Areva.
Porte-à-porte
Si Christophe de Margerie, le PDG de Total, s’est rendu à Nice, ce n’est pas pour participer à quelque « atelier », mais pour rencontrer plusieurs « pétroprésidents », comme Goodluck Jonathan ou Abdelaziz Bouteflika. Le 31 mai, il s’est entretenu avec Denis Sassou Nguesso. Trois jours plus tôt, son principal concurrent au Congo-Brazza, Paolo Scaroni, président du groupe pétrolier italien ENI, avait été reçu dans un grand hôtel de Milan par ce même Sassou. Commentaire amusé de Margerie : « Ça ne me dérange pas, l’important est que je sois passé derrière. »
Anne Lauvergeon aussi a vu Denis Sassou Nguesso. Elle a également rencontré Ali Bongo Ondimba, Salou Djibo et François Bozizé, avec qui elle a évoqué des « sujets d’intérêts mutuels ». Son confrère Jean-Philippe Gouyet, vice-président Afrique d’EADS, n’a pas été en reste : il a pour sa part déjeuné avec Karim Wade, le fils du président sénégalais.
Les uns courent, les autres non
Sur la promenade des Anglais, on a longtemps attendu Nicolas Sarkozy pour son jogging quotidien. Manqué, c’est Éric Besson, son ministre de l’Immigration, descendu à l’hôtel Méridien, qui est apparu en petites foulées, flanqué de deux agents de sécurité. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz n’a, lui, pas fait de sport. Mais c’est un couche-tard : il n’est rentré qu’un peu après minuit d’une « balade digestive » avec son épouse. La veille, c’est Issayas Afewerki, le chef de l’État érythréen, qu’on a vu prendre l’air dans les rues de Nice. Avec deux gardes du corps pour toute escorte.
Les derniers seront les premiers
« C’est bien d’être jeune, mais qu’est-ce que c’est fatigant ! » plaisantait Ali Bongo Ondimba, 51 ans, en rentrant à l’hôtel du Palais de la Méditerranée, après la première journée de travail. Il avait quelques excuses. Les chefs d’État avaient en effet été priés d’arriver au dîner offert au Palais des rois sardes dans l’ordre protocolaire inversé. Ce qui fait souvent arriver les doyens en dernier. Et les nouveaux venus au pouvoir, en premier. Ali Bongo n’a donc eu que vingt-cinq minutes pour prendre une douche et se changer.
Le shopping des premières dames
Oui, bien sûr, Carla n’était pas là. Contrairement à Bernadette Chirac, qui, en 2007, avait accompagné son mari lors du sommet de Cannes. « Les temps changent, les premières dames aussi », ironise-t-on à l’Élysée. Rien de prévu officiellement pour les épouses, donc. Un bus leur était néanmoins réservé, qui a promené, entre autres, Viviane Wade, Sylvia Bongo Ondimba et Chantal Biya. Sylvia en aurait profité pour proposer à Chantal d’adhérer à Synergies africaines, la fondation de lutte contre le sida qu’anime l’épouse du président camerounais. On ne sait si elle a formulé sa demande alors que toutes deux faisaient quelques emplettes dans une parfumerie niçoise.
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