Flottille Free Gaza : les islamistes en première ligne

De nombreux élus islamistes maghrébins étaient présents sur la flottille humanitaire violemment arraisonnée par Israël. L’émotion provoquée par ce drame pourrait leur être politiquement bénéfique.

Les commandos de marine israéliens abordant l’un des six navires de la flottille propalestinienne. © Pool New/Reuters

Les commandos de marine israéliens abordant l’un des six navires de la flottille propalestinienne. © Pool New/Reuters

Publié le 10 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Sur les 682 humanitaires de 42 nationalités ayant pris place à bord de la flottille de la paix, il y avait 41 Maghrébins : 32 Algériens, 7 Marocains, 2 Mauritaniens. Tous sains et saufs, rapatriés et accueillis chez eux comme des héros. Parmi eux, 7 femmes (5 Algériennes et 2 Marocaines), dont Messar Nedjma Soltani, l’épouse de Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP, d’obédience Frères musulmans), membre de l’Alliance présidentielle en Algérie, et la Belgo-Marocaine Kenza Isnasni, rescapée d’un crime raciste qui a coûté la vie à ses parents en 2002.

Six journalistes faisaient partie de l’expédition, dont la correspondante à Ankara du quotidien arabophone marocain El-Massa et l’envoyé spécial mauritanien d’Al-Jazira. Les autres, dont deux reporters-photographes, avaient été dépêchés par trois grands quotidiens arabophones algérois : Echourouk, El-Khabar et Djazaïr News.

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Médecins, imams, députés

Outre trois médecins, quelques imams et des hommes d’affaires, tous membres d’associations de bienfaisance, le reste de la délégation maghrébine était essentiellement constitué de députés et de sénateurs élus sous l’étiquette islamiste, tel le député marocain Abdelkader Amar, du Parti de la justice et du développement (PJD), venu accompagné de trois membres de l’association islamiste El-Adl wal-Ihsane. Il y avait aussi, bien qu’il ne soit pas un élu du peuple, le Mauritanien Ghoulam Ould el-Hadj Cheikh, vice-président du parti Tawassoul. Enfin, à bord du navire amiral, le Navi Marmara – première cible de l’assaut des troupes d’élite de Tsahal et celle où l’on a enregistré le bilan le plus lourd (9 morts par balle et des dizaines de blessés) –, le plus jeune militant maghrébin, Mustapha Mokri, un étudiant de 19 ans, est le fils d’Abderrezak Mokri, étoile montante des Frères musulmans algériens.

Une expédition exclusivement islamiste ? L’explication que donne Bouguerra Soltani, visiblement fier de son épouse et du courage de ses ouailles, est on ne peut plus claire : « Nous avons contacté tous les partis, y compris nos partenaires de l’Alliance présidentielle, personne n’a cru au succès de l’opération Free Gaza. » Il est évident que ses interlocuteurs s’en mordent aujourd’hui les doigts. L’émotion provoquée par l’assaut contre la flottille est tout bénéfice, politiquement parlant, pour les initiateurs de l’opération de solidarité avec les Palestiniens. Mal en point, minés par des dissensions internes, les partis islamistes du Maghreb ont marqué des points aux yeux de l’opinion.

Otages durant quarante-huit heures d’Israël, les Maghrébins ont mobilisé leurs dirigeants. Au sommet de Nice, le président algérien Abdelaziz Bouteflika s’en est ouvert à ses homologues français et égyptien, Nicolas Sarkozy et Hosni Moubarak. Dans la foulée, il a appelé le roi Abdallah de Jordanie, autre pays arabe à entretenir des relations avec l’État hébreu. Trois heures après l’arrivée des captifs à Amman, il a dépêché un avion spécial pour les rapatrier.

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