Mahamat-Saleh Haroun : « Contre qui se révolter ? »
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« Il est très difficile au Tchad de savoir contre qui se révolter pour faire cesser la violence. Contre les rebelles ? Contre le gouvernement ? Certains vont d’un côté, d’autres de l’autre… et cela n’arrête pas la violence. » Alors que le Tchad, malgré des moments de répit, n’en finit pas depuis une quarantaine d’années de vivre en état de guerre civile, Mahamat-Saleh Haroun aimerait que la vie de son pays ne dépende plus des seuls affrontements militaires.
Comment, dans ces conditions, continuer à faire des films au Tchad ? Il a dû parfois interrompre son travail en plein tournage à cause d’attaques rebelles. En réagissant autant que possible en cinéaste, explique-t-il au lendemain de la projection à Cannes de Un homme qui crie, dans lequel la guerre n’est jamais montrée frontalement mais toujours en arrière-plan : « Le seul moyen de s’affranchir de la tension quand on tourne, c’est de l’inclure dans le film. » Ce qu’il fait admirablement et ce qui participe à donner à ses films un caractère grave et une dimension tragique. « Dans cette situation, on ne peut pas faire de divertissement. Pendant mon dernier tournage, mes parents priaient pour moi ainsi que pour mes invités – comme ils appellent les membres de mon équipe – pour qu’on reste indemnes. » Il lui est arrivé de réaliser un long-métrage, un téléfilm pour Arte, hors du Tchad. Comme par hasard, celui-ci, Sexe, gombo et beurre salé, était léger et souvent fort drôle.
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