Mauvais sang chez les Bleus

Lassana Diarra, joueur du Real de Madrid et sélectionné en équipe de France, a dû déclarer forfait pour la Coupe du monde en Afrique du Sud. En cause, une maladie qui touche 50 millions d’Africains : la drépanocytose.

Lassana Diarra à Paris, en septembre 2008. © AFP.

Lassana Diarra à Paris, en septembre 2008. © AFP.

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 31 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

Sélectionné en équipe de France et convoqué dans la station alpestre de Tignes pour un « stage d’oxygénation » en vue de la Coupe du monde, Lassana Diarra (25 ans) n’a pas vraiment profité de l’air des cimes. Le 22 mai, après avoir ressenti des douleurs intestinales persistantes, il a été contraint de quitter les Bleus. Sur le coup, les médecins se sont bornés à évoquer une « maladie imprévisible ». L’employeur du joueur, le club du Real de Madrid, a ensuite émis l’hypothèse d’un « syndrome asthénique dû à une anémie à hématies falciformes ». Diagnostic définitif ? Drépanocytose. Cette maladie héréditaire touche 50 millions de personnes, noires pour la plupart, en Afrique et en Amérique du Sud.

Danger en altitude

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Censée améliorer les performances des sportifs, l’altitude (la station est à plus de 2 000 m) a donc au contraire, dans le cas de « Lass » Diarra, révélé sa maladie. Comment cette dernière se manifeste-t-elle ? Par une agglomération de l’hémoglobine, qui donne aux globules rouges la forme d’une faucille – d’où le terme de « falciformation ». Les douleurs abdominales et osseuses se font sentir lorsque ces globules déformés s’accrochent aux parois des vaisseaux sanguins, bouchonnent et finissent par former des caillots dans les artères. « Ça peut aller jusqu’à provoquer des accidents cardiaques et même oculaires », précise notre collaborateur, le Pr Edmond Bertrand, auteur d’Urgences médicales en Afrique.

La carrière du joueur est-elle menacée ? Il faut d’abord déterminer, explique le Pr Bertrand, si la maladie est de nature hétérozygote (transmise par l’un des parents) ou, plus grave, homozygote (transmise par les deux parents). Ce dernier cas est improbable, car incompatible avec le sport de haut niveau. Dans le premier, le footballeur peut poursuivre sa carrière, mais doit faire très attention en cas d’effort intense en altitude. « Pour des efforts de type explosif, on peut même considérer que [les sportifs porteurs] sont avantagés », estime le Pr Frédéric Galacteros, dans le quotidien Libération. En Afrique du Sud, les Bleus joueront notamment à Johannesburg, à 1 650 m d’altitude. Les spécialistes situant le seuil de dangerosité à 2 500 m, il est permis de se demander pourquoi Lassana Diarra a été aussi promptement prié de rentrer chez lui…

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