Jean Tigana

Nouvel entraîneur des Girondins de Bordeaux

Le 25 mai à Bordeaux. © Saura Pascal/SIPA

Le 25 mai à Bordeaux. © Saura Pascal/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 2 juin 2010 Lecture : 3 minutes.

L’arrivée de Laurent Blanc, l’entraîneur de Bordeaux, à la tête de l’équipe de France dès la fin de la Coupe du monde lui a ouvert la voie. Jean Tigana, 54 ans, natif de Bamako, a été nommé, le 25 mai, entraîneur des Girondins pour les deux prochaines saisons. Pourtant, le Franco-Malien n’était officiellement candidat à rien. Essentiellement occupé à gérer son domaine viticole à Cassis, sobrement baptisé Dona Tigana, et à s’investir dans l’humanitaire au Mali, il avait même envisagé, il y a quelques mois, de mettre un terme à sa carrière d’entraîneur. Car depuis sa démission du Besiktas (club d’Istanbul), en octobre 2007, l’ancien milieu de terrain des Bleus ne s’était plus assis sur un banc de touche.

Cette inactivité de plus de deux ans et demi n’a pas freiné Jean-Louis Triaud, le président bordelais. « Quand Laurent Blanc a signé chez nous, il n’avait jamais entraîné… Jean Tigana connaît son métier. » Très apprécié chez M6, la chaîne propriétaire du club, pour laquelle il avait réalisé un audit au moment où elle s’était positionnée pour le rachat du club, en 1999, Tigana a rapidement trouvé un accord avec son nouvel employeur. « On s’est téléphoné deux fois, puis il y a eu une rencontre, c’est tout, explique Triaud. On se connaissait déjà. Il a de l’expérience, et partout où il est passé, il a obtenu de bons résultats. Il a du caractère ? Pour un entraîneur, c’est préférable. »

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Tigana ne débarque pas en terrain inconnu. C’est à Bordeaux qu’il a écrit les plus belles pages de sa carrière de joueur : trois titres de champion (1984, 1985 et 1987) et deux Coupes de France (1986 et 1987). « C’est un plus, mais cela n’a pas été décisifâ », précise Triaud. Tigana, lui, répète que ce choix « est celui du cœur ». Ce palmarès prestigieux avec les Girondins, il le doit en partie à Aimé Jacquet, qui l’avait repéré à Toulon (deuxième division) et fait venir à Lyon en 1978, avant de le retrouver à Bordeaux, en 1981.

En mai 1980, Tigana devient international français. Il quittera les Bleus en novembre 1988. Champion d’Europe en 1984, quatrième de la Coupe du monde en 1982 et troisième en 1986, le Franco-Malien faisait partie du « carré magique » de l’équipe de France, avec Michel Platini, Alain Giresse et Luis Fernandez.

C’est à Marseille, la ville où il a grandi et fait ses premiers pas de footballeur à l’ASPTT puis aux Caillols, que Tigana achève sa carrière de joueur professionnel, en 1991, après avoir remporté deux nouveaux titres (1990 et 1991). Homme de come-back, il choisit Lyon pour entamer sa deuxième vie, celle d’entraîneur (1993-1995). Il la poursuivra à Monaco (1995-1999), avec qui il remporte, en 1997, son premier titre en tant que technicien, puis à Fulham, en Angleterre, où l’aventure se terminera aussi mal qu’elle avait bien commencé. En 2000, Mohamed al-Fayed, le milliardaire égyptien propriétaire de ce club de la banlieue londonienne, convainc Tigana de venir relever le défi de faire remonter les Cottagers en Premier League. L’objectif est atteint en 2001. C’est cette année-là que l’international marocain Abdeslam Ouaddou, aujourd’hui à Nancy, découvre Tigana : « J’avais 21 ans, et il m’a permis de progresser. C’est un entraîneur exigeant, très pro, qui sait donner confiance à ses joueurs. Il a du charisme, et il avait réussi à professionnaliser le club. C’est un passionné, d’un naturel assez réservé. Il a une vraie personnalité, et c’est un obstiné. Certains diront que cela peut être un défaut. Ce n’est pas mon opinion. »

En avril 2003, Tigana, qui s’était essayé en 1998 à l’activité d’agent de joueurs (sa licence lui a été retirée en 2006 après qu’il eut été mis en cause par la justice française), quitte Londres sur fond de conflit avec Mohamed al-Fayed, qui lui reproche de s’être enrichi en surévaluant certains transferts et en touchant des commissions occultes. Mais il sera innocenté par la Cour d’appel de Londres, en 2005, année où il s’exile de nouveau, cette fois en Turquie, où il remporte deux coupes avec le Besiktas (2006 et 2007).

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« Je pense que Tigana aurait pu faire un bon sélectionneur », estime Ouaddou. Son nom avait circulé en Côte d’Ivoire en 2008 et au Cameroun en 2009. En 2004, Tigana s’était positionné pour succéder à Jacques Santini à la tête de l’équipe de France. Sa candidature n’avait pas été retenue par la Fédération française de football (FFF). Selon Tigana, Claude Simonet, alors président de la FFF, aurait déclaré devant plusieurs témoins qu’« il y a assez de Noirs en sélection, [qu’]on ne peut pas mettre en plus un sélectionneur noir ».

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