Yamoussoukro, rivale ou complémentaire ?

L’Hôtel des députés permet d’accueillir les délégations diplomatiques étrangères. © Vincent Fournier pour J.A.

L’Hôtel des députés permet d’accueillir les délégations diplomatiques étrangères. © Vincent Fournier pour J.A.

Publié le 7 juin 2010 Lecture : 3 minutes.

Abidjan, la saga-cité
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Abidjan, la saga-cité

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« Houphouët-Boigny l’a rêvé, Laurent Gbagbo l’a fait », aiment à rappeler les proches du chef de l’État à propos du transfert effectif de la capitale administrative et politique d’Abidjan à Yamoussoukro, ville située au centre du pays, dans la région des lacs, à quelque 250 km d’Abidjan. L’argument n’est pas dénué d’arrière-pensées électoralistes – la ville a vu naître le père de l’indépendance et se trouve en territoire baoulé, fief du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, opposition) –, mais le président actuel, historien de formation, y voit aussi le moyen d’asseoir la grandeur d’une nation et de poser son empreinte sur l’époque.

Adopté par l’Assemblée nationale en mars 1983, le processus de transfert a été réactivé depuis cinq ans. L’Hôtel des députés a été livré en 2006, les travaux du palais de la présidence ont commencé, et la construction du Parlement est en cours d’achèvement.

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La conception de la capitale moderne a été confiée à Pierre Fakhoury, l’architecte de la basilique Notre-Dame-de-la-Paix de Yamoussoukro (la plus grande au monde, construite de 1985 à 1989, sur commande d’Houphouët-Boigny).

Ce transfert des administrations et des institutions de la République fait l’objet d’un large consensus de la part des responsables politiques nationaux. Dans les prochaines années, d’autres chantiers devraient démarrer : ministères, Sénat, Cour suprême et autres instances judiciaires et administratives. Ce projet de zone administrative et politique (ZAP), réalisé sur une superficie de 30 km2 en pleine nature, sera traversé par une « Voie triomphale » de 7 km de long et de 120 m de large.

De part et d’autre de la ZAP, une ville moderne doit voir le jour, avec ses îlots de logements, ses bureaux, ses centres commerciaux, ses lieux de culte, ses équipements sportifs et de loisirs… Les urbanistes souhaitent préserver l’environnement et prévoient de tracer de grandes coulées vertes reliant les principaux sites. Yamoussoukro compte actuellement moins de 300 000 habitants, mais devrait dépasser le cap du million en 2050.

L’objectif est de désengorger la route nationale 1, voie de transit entre Abidjan et le nord du pays, autour de laquelle s’est construite la ville actuelle, ses commerces et ses équipements communaux. Car Yamoussoukro n’est encore qu’une ville de passage et une cité étudiante, telle qu’imaginée par Houphouët-Boigny.

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Genèse d’une capitale

Au début des années 1970, les urbanistes lui présentent les premiers plans d’aménagement en lui disant  : « Le cœur de Yamoussoukro, c’est Lutèce. » Le « Vieux » va alors lancer de grands programmes d’infrastructures (Maison du parti, Fondation Houphouët-Boigny, Hôtel Président, golf), demande aux compagnies pétrolières d’y bâtir des stations-service et des motels. Ensuite, les banques et les grandes écoles s’y installent.

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La basilique, inaugurée en 1989 et consacrée par Jean-Paul II un an plus tard, viendra lui donner une renommée planétaire. L’euphorie retombera quelque peu sous la présidence d’Henri Konan Bédié (de 1993 à 1999), qui préférera développer son village de Daoukro.

À la faveur de la crise, Yamoussoukro est revenue au premier plan. Devenue un des principaux bastions des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire et la tête de pont des troupes onusiennes, elle s’affirme de plus en plus comme une ville de grandes rencontres diplomatiques.

Le président Laurent Gbagbo y a reçu le 12e sommet du « Groupe des 77 plus la Chine » en juin 2008, la réunion des chefs d’État du Conseil de l’entente en juillet 2009, ainsi que le président burkinabè, Blaise Compaoré, en septembre dernier et, en janvier, le nouveau chef de l’État gabonais, Ali Bongo Ondimba.

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