Les nouveaux enjeux de la BAD

Après avoir gagné ses lettres de noblesse, l’institution panafricaine, très sollicitée, a obtenu un triplement de son capital pour assurer son avenir.

Publié le 4 juin 2010 Lecture : 3 minutes.

Banques : après la crise
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Banques : après la crise

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Fini le temps de la discorde et de la paralysie des années 1970 et 1980. Après une longue cure d’assainissement (1995-2005), la Banque africaine de développement (BAD) version 2010 a acquis une réputation telle que ce sont les autres qui viennent à elle et non plus l’inverse. Son assemblée annuelle, qui se tient les 27 et 28 mai à Abidjan, apportera la preuve de son attractivité et de sa maturité. Plus de 1 500 hauts cadres publics et privés, africains, européens, américains et asiatiques participeront aux débats sur le bilan 2009 des opérations et sur la stratégie à moyen terme (2010-2012), ainsi qu’aux séminaires et autres manifestations en marge, sur des sujets aussi divers et complexes que la parité hommes-femmes, l’accès aux marchés financiers ou l’impact des changements climatiques sur l’agriculture africaine.

Les États lui font confiance

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L’attractivité se mesure aussi à l’aune des offres d’emploi que la BAD lance régulièrement. Les candidats se comptent désormais par centaines pour le moindre poste qui se crée ou se libère. En 2009, la banque en a recruté 286, dont 22 jeunes professionnels. Hors services généraux, elle emploie aujourd’hui 887 cadres, dont 669 viennent de 49 pays africains et 218 de 21 autres pays. C’est dire le caractère multilatéral de l’institution dite panafricaine… Autre signe de diversité, l’actionnariat. Si la BAD a fait le plein des États africains (53, contre 29 en 1967), elle continue d’attirer les pays des autres continents : cette année sera marquée par l’entrée officielle de la Turquie et du Luxembourg (le nombre d’États non africains passera ainsi de 24 à 26). Et l’Australie a fait acte de candidature… Fait inédit et significatif, le Canada et la Corée du Sud, qui sont déjà membres, ont montré la voie en décidant de soutenir la BAD au moment le plus fort de la crise financière mondiale. Ils lui ont versé près de 3 milliards de dollars au titre de leur participation au capital sujet à appel (qui sert de caution en cas de non-paiement) sans demander les droits de vote qui vont avec. Ils font donc confiance à la banque.

De même, les marchés internationaux de capitaux ne se trompent pas en souscrivant massivement à ses emprunts. L’institution a ainsi levé 8 milliards de dollars en 2009, deux fois plus que prévu avant la crise, et cinq fois plus qu’en 2008. Pour Thierry de Longuemar, vice-président Finance de la banque, ces résultats témoignent de l’excellente « signature » de la BAD, que confirment, d’année en année, les agences de notation Standard & Poor’s, Moody’s, Fitch Ratings et Japan Credit Rating, en accordant les meilleures notes aux portefeuilles de la banque : AAA et AA+ respectivement pour la dette privilégiée et la dette subordonnée. « Ces notes témoignent du ferme appui dont bénéficie la BAD de la part de ses actionnaires, de son statut de créancier privilégié, de la bonne adéquation de ses fonds propres et de la prudence de ses politiques et de sa gestion financière », affirme Thierry de Longuemar. L’objectif primordial est d’emprunter aux meilleures conditions du marché afin d’offrir aux clients publics et privés le meilleur taux d’intérêt. L’afflux des pays qui n’empruntaient jamais à la BAD, comme l’Afrique du Sud et le Botswana, prouve qu’elle y parvient. Ils sont d’ailleurs en tête des clients, avec respectivement 2,7 et 1,7 milliards de dollars en 2009, loin devant les emprunteurs « traditionnels » que sont le Maroc (912 millions de dollars), Maurice (685), le Nigeria (572) ou la Tunisie (434).

2009, un record historique

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« Notre politique de risque est très modérée, confie le trésorier de la banque, Pierre Van Peteghem. Quel que soit le moment, nous devons disposer de suffisamment de liquidités pour couvrir les douze mois d’activité à venir pour le décaissement des prêts et dons, pour le règlement des dépenses administratives et pour le remboursement de la dette. » Cette prudence a été poussée au bout de ses limites l’année dernière. Pour venir en aide aux pays africains qui ont perdu 30 % à 50 % de leurs recettes d’exportation, la BAD a dû augmenter le volume de ses prêts et dons de 129 %, bien au-delà de ce qui était programmé. Les approbations de la BAD et du Fonds africain de développement (FAD) ont ainsi atteint un record historique de 12,6 milliards de dollars en 2009, contre 5,5 milliards en 2008.

Pour le président de la banque, Donald Kaberuka, il fallait jouer un rôle « contre-cyclique » afin d’atténuer autant que possible la chute du taux de croissance économique du

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