Une harmonisation bancaire poussive

L’absence de coopération entre établissements nord-africains freine les investissements et le commerce à l’échelle de la région. Mais, doucement, les choses commencent à bouger.

La Banque tuniso-libyenne, à Tunis, témoigne de la collaboration des deux pays. © Nicolas Fauqué/imagesdetunisie.com

La Banque tuniso-libyenne, à Tunis, témoigne de la collaboration des deux pays. © Nicolas Fauqué/imagesdetunisie.com

Publié le 4 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Banques : après la crise
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Banques : après la crise

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L’implantation de quelques banques maghrébines à Tunis, notamment la libyenne North African Investment Bank (offshore), la Banque tuniso-libyenne (BTL, étatique mixte) et la marocaine Attijariwafa Bank, est-elle le signe d’un frémissement dans les relations entre banques de la zone ? Les cinq pays du Grand Maghreb comptent une centaine de banques… qui travaillent rarement entre elles. Car, aujourd’hui, aucun cadre opérationnel n’existe. Pour preuve, les deux banques tunisiennes BIAT et Amen Bank ont renoncé à ouvrir des filiales en Algérie parce que la législation y exige depuis 2009 un capital minimum de 100 millions de dollars.

« Il y a très peu de communication interprofessionnelle », reconnaît Idriss Fares, secrétaire général de l’Union des banques maghrébines, un organisme régional basé à Tunis dont l’objectif est de renforcer la coopération entre ses membres. Car l’accompagnement bancaire demeure une préoccupation majeure pour les opérateurs économiques, tant en ce qui concerne les investissements intra-Maghreb que le commerce extérieur.

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Ainsi, la présence d’une filiale de la banque de l’investisseur dans le pays d’implantation est souvent une condition sine qua non pour transférer les devises nécessaires et accéder plus facilement au crédit bancaire. Pour débloquer la situation, Ahmed el-Karam, vice-président d’Amen Bank, a une solution : instaurer l’agrément bancaire unique entre pays du Maghreb. Réalisé sous le contrôle des banques centrales, il permettrait aux établissements de s’installer automatiquement en respectant quelques conditions de base, comme le réinvestissement de l’épargne collectée dans le pays d’implantation.

Premier pas

En l’absence d’une intégration économique, la part des échanges inter-Maghreb ne dépasse pas 3 % des échanges commerciaux globaux de la région. 70 % des flux financiers sont dirigés vers le Nord, où se trouvent les principaux partenaires économiques de la zone. Un exportateur tunisien témoigne : « J’expédie des produits en Europe et dans des pays maghrébins. Les premiers me sont réglés plus vite que les seconds et je suis obligé de relancer à chaque fois mon client importateur maghrébin pour qu’il relance à son tour sa banque afin qu’elle exécute ses ordres plus rapidement. De plus, le transfert me revient plus cher sur le plan des commissions bancaires. C’est qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond ! »« Les banques maghrébines acceptent rarement les lettres de confirmation des accréditifs entre elles, explique un banquier. Elles préfèrent donc passer par un correspondant européen. Cela met plus de temps et augmente les frais. »

Quoi qu’il en soit, les opérateurs maghrébins veulent que ça change. Mohamed Ghannouchi, le Premier ministre tunisien, préconise d’ailleurs la mise en place d’un mécanisme permettant de « faciliter les opérations de transfert pour qu’elles se fassent directement dans les devises des pays de la région et sans avoir recours aux devises étrangères ». Les banques centrales de Tunisie et de Libye ont fait un premier pas dans cette direction : chacune cote la monnaie de l’autre pays, laquelle circule librement et est « convertible » aux guichets des banques. Cela avant l’entrée en opération, prévue en principe pour septembre 2010, de la Banque maghrébine pour l’investissement et le commerce extérieur (BMICE). Cette institution, basée à Tunis et dont les banques centrales des cinq pays sont les actionnaires, est attendue depuis 1992. Mais, d’ores et déjà, les experts estiment que son capital de 500 millions de dollars ne suffira pas à satisfaire les demandes.

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