Le Maghreb renouvelle son bail
Outil de financement privilégié des PME, le crédit-bail est un succès au Maroc et en Tunisie. En Algérie, il offre des perspectives de croissance séduisantes.
Banques : après la crise
Malgré la crise et la concurrence des banques, le crédit-bail – ou leasing–, qui consiste à louer un bien pour en devenir propriétaire au terme du contrat, reste l’instrument de financement privilégié des PME au Maghreb. S’il reste plus cher que le crédit classique, « il est de plus en plus compétitif par l’effet conjugué de la concurrence entre les sociétés de leasing et d’un cadre fiscal favorable », résume Fethi Mestiri, le directeur de Tunisie Leasing, l’un des organismes les plus importants du marché tunisien avec 21,6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009 et une filiale en Algérie. Simplicité (taux fixe, échéances mensuelles) et rapidité de mise en place (1,5 jour pour un véhicule et 10 jours pour de l’immobilier) sont les clés du succès, malgré une rentabilité assez faible, située entre 4 % et 6 % dans les pays matures (Maroc et Tunisie).
Mais son potentiel de développement et le fait que 80 % des clients soient des PME ou des TPE attirent de grands investisseurs comme la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, qui a déjà investi quelque 680 millions d’euros dans 25 pays. Enfin, preuve de l’intérêt financier du crédit-bail, la plupart des banques présentes sur les marchés en fort développement, comme Attijariwafa Bank ou BMCI, possèdent une filiale dédiée.
Concurrence des banques
À Tunis, où le crédit-bail existe depuis plus de vingt-cinq ans, « le marché est mature », estime Fethi Mestiri. Avec 540 millions d’euros en 2009, la croissance de 23 % (13 % en 2008) du marché national a été une surprise : « On s’attendait à un fléchissement », selon Lilia Kamoun, analyste chez Tunisie Valeurs, car en 2008 une loi a fixé des délais minimums d’amortissement : trois ans pour le matériel roulant, quatre ans pour les équipements et sept ans pour la construction.
Au Maroc, le leasing a suivi la tendance économique générale. La croissance a été forte jusqu’en 2008 (13 % en moyenne sur les cinq dernières années), puis s’est essoufflée en 2009, avec un fléchissement de 1,4 % (1,27 milliard d’euros contre 1,29 milliard en 2008). La crise n’est pas la seule cause. « Les sociétés de leasing se trouvent confrontées à la concurrence des banques mais aussi des établissements de crédit à la consommation et des sociétés de location de longue durée », relève Fethi Mestiri. « Seule la société Maroc Leasing s’en est bien sortie grâce à sa fusion avec Chaabi Leasing [réduisant à six le nombre de sociétés au Maroc, NDLR] », estime Widad Ouardi, analyste financière chez Integra Bourse. « Mais à long terme, la croissance va reprendre, car il y a un énorme besoin d’équipement. »
Mis en place plus récemment, le crédit-bail algérien vit une croissance plus forte, tirée notamment par les programmes d’investissement dans l’infrastructure de base. Et les marges sont plus importantes : 7 % (contre 4 % en moyenne en Tunisie).
Enfin, selon Fethi Mestiri, «les nouvelles orientations économiques de la Libye, qui donnent plus d’initiatives au secteur privé, laissent augurer un fort potentiel». Tunisie Leasing, après avoir ouvert une filiale en Algérie (MLA), planche d’ailleurs sur un projet en Libye et compte déployer à terme l’ensemble de ses produits sur la zone Maghreb.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Banques : après la crise
Les plus lus – Économie & Entreprises
- Mines d’or au Mali : la junte place le CEO de l’australien Resolute en détention
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Comment Air France compense son absence des États du Sahel
- Chez Tunisair, la purge des dirigeants se poursuit et les pertes s’accumulent
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT