Duo d’artistes
Sur l’affiche de leur exposition commune, ils ont l’air de jumeaux. Même regard inquisiteur sur un visage grignoté par une barbichette, Soly Cissé et Barthélémy Toguo sont liés, au propre comme au figuré. Le Sénégalais et le Camerounais, figures du cercle fermé des magiciens de l’art contemporain, occupent depuis le 7 mai la galerie Le Manège, de l’Institut culturel français de Dakar. Sans doute le site off le plus visité de cette 9e Biennale de l’art africain contemporain. Le premier nous raconte les inondations ; le second, l’émigration. Chacun son lot de victimes. « Barthélémy et moi, nous nous apprécions depuis plusieurs années et cela faisait longtemps que nous avions envie de collaborer. Mais c’est sur proposition du directeur de l’Institut français que nous avons monté cette exposition », explique Soly Cissé, à Dakar.
L’espace, déjà, est magnifique : un petit jardin couvert de graviers blancs et un haut bâtiment de style colonial avec des poutres, des tuiles ocre et des arcades. Les deux compères ont pris possession des lieux sans retenue. À l’extérieur, une pirogue chargée de baluchons, des cercueils, une spirale de chaussures, un alignement de seaux dans lesquels des miroirs circulaires reflètent la lumière, et même deux agneaux ayant reçu quelques coups de pinceau dans un décor de végétaux et d’oiseaux. À l’intérieur, des tubes de voile blanc descendent du toit tandis que le ruissellement des eaux de pluie entraîne tout sur son passage. Images numériques en dégradé de gris projetées sur un mur. Voilà pour l’atmosphère. Mais, ce n’est pas tout. Toguo et Cissé sont des artistes complets : ils peignent aussi ! Pour autant l’espace n’est pas surchargé. Non seulement le duo prouve sa capacité à apprivoiser son environnement, des techniques complexes et des matériaux difficiles, mais en outre il réinvente le langage des populations africaines, dont il tire son inspiration.
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