A’Salfo : « Je dors aux Deux-Plateaux et me réveille à Anoumabo »

Vingt-quatre heures dans la vie d’Abidjan, selon A’Salfo, le « lead vocal » du groupe Magic System.

A’Salfo, du groupe Magic System. © V.Fournier/J.A

A’Salfo, du groupe Magic System. © V.Fournier/J.A

Publié le 8 juin 2010 Lecture : 3 minutes.

Abidjan, la saga-cité
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Abidjan, la saga-cité

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« Après avoir sillonné nombre de cités africaines, je le dis sans hésiter : Abidjan est l’une de celles où il y a la meilleure ambiance. Ville de brassage, il est presque impossible d’y distinguer l’Ivoirien de l’étranger. Tous s’accaparent les mêmes modes. Une fois la nuit tombée, bien malin celui qui peut les distinguer, même si les écarts de niveaux de vie sont énormes.

Comme je le dis souvent, je dors aux Deux-Plateaux et je me réveille à Anoumabo. Les Deux-Plateaux, dans le nord de la ville, c’est chic, classe, mais mes journées commencent à Marcory-Anoumabo, quartier populaire du sud, où je suis né. C’est aussi le berceau de Magic System. Ici, ni villas cossues ni grosses cylindrées, le lot quotidien des habitants c’est la « mort subite » [un seul repas par jour, NDLR]. Imaginez leur fierté quand nous, enfants du quartier, avons dîné à l’Élysée !

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Avant de passer au quartier général du groupe pour mettre au point l’organisation du prochain Festival des musiques urbaines d’Anoumabo [le Femua, dont la 3e édition se déroulera du 3 au 6 juin, NDLR], je m’arrête chez Abdou Kaye, le meilleur vendeur de garba de la ville. Un abri en bois et tôle situé, s’il vous plaît, sur la place Magic System. Pas besoin de passer commande, Abdou connaît nos habitudes. En deux temps, trois mouvements, chaque Magicien a une assiette d’attiéké et de poisson chaud devant lui. Après ce petit déjeuner, direction Le Superchoc, un maquis de Marcory-Sicogi. Nous y retrouvons Vieux Gazeur, Posso, Yodé, Siro… Le noyau dur du zouglou. On discute, on débat, on rit beaucoup. Il fait chaud. Quelques bières viennent nous rafraîchir.

L’après-midi, nos emplois du temps nous mènent partout dans la ville. À Port-Bouët, c’est un ballet incessant de gros camions. À Treichville, c’est le port et le marché de Belleville, où les coquettes peuvent s’habiller chic pour pas grand-chose.  À Adjamé, le Black Market, célèbre pour ses centaines de magasins de téléphones portables et, plus loin, Yopougon, une ville dans la ville.

Abidjan est tout aussi remuante la nuit que le jour. Seule différence, tout le monde cherche à passer du bon temps. On se presse dans les maquis et les boîtes in. Il y a du choix ! Le Marcory Gasoil ou La Cour des grands se livrent une compétition acharnée pour être numéro un des maquis. Pour une ambiance soft, il y a La Case blanche à Cocody, juste derrière l’hôtel communal, là l’on a le plus de chances de croiser des stars de la musique, du foot ou de la télé. Et puis il y a Yopougon, la cité de la joie et sa rue Princesse… Visiter Abidjan sans passer par là, c’est chercher le pape sans aller au Vatican ! Le tout-Abidjan se donne rendez-vous dans cette rue, commerçante le jour, temple de l’ambiance la nuit. Il y a encore quelques années, les maquis étaient à ciel ouvert, on buvait sur des chaises bancales, riches et pauvres sur un pied d’égalité. Aujourd’hui, les maquis se sont « industrialisés » et n’ont rien à voir ceux qu’on fréquentait. Qu’importe, le show reste le même. Vrai et faux Vuitton se côtoient sans jalousie, les DJ rivalisent de décibels sans que les musiques se chevauchent – ce qui m’a toujours surpris –, bières, vins mousseux et champagnes se livrent une joyeuse concurrence.

Abidjan, c’est la ville des mélanges. Crise politique ou économique, on est ensemble. Et nous avons une arme plus forte que tout : la joie de vivre. »

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