La nouvelle vie de l’Ivoire

Symbole de la folie des grandeurs d’Houphouët-Boigny, puis du déclin d’une nation en proie à la crise politique, le palace retrouve progressivement son rang.

Publié le 7 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Abidjan, la saga-cité
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Abidjan, la saga-cité

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«C’est de la chirurgie lourde, explique un chef de travaux. Nous ne gardons que l’armature du complexe. On réhabilite entièrement toutes les infrastructures. » Près de 135 milliards de F CFA (près de 206 millions d’euros) sont consacrés à la rénovation de l’hôtel, dont le chantier se terminera en 2012. Objectif : rendre à l’Ivoire le statut de ­palace qu’il avait du temps de Houphouët-­Boigny, qui le fit ériger en 1963, mais aussi faire oublier les traumatismes d’un passé récent. Oublier qu’il a été le témoin, en novembre 2004, des tirs de l’armée française contre des patriotes ivoiriens. Oublier aussi qu’un avocat parisien, Xavier Ghelber, y a été enlevé par des « corps habillés », et a échappé de peu à la mort, alors qu’il réalisait un audit de la stratégique filière café-cacao. Oublier encore que des jeunes à peine sortis de l’adolescence y logeaient et s’y promenaient en toute liberté, kalachnikov en main, du temps où le « ministre de la Rue » de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, avait pour mission de protéger le régime. Cette époque sombre avait fini par décourager les clients de séjourner à l’Ivoire, son personnel était démotivé, les commerçants de la galerie marchande avaient fui, le cinéma était fermé et les piscines étaient vides, faute de baigneurs.

De la tour au village

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En novembre 2008, le chef de l’État charge son conseiller spécial, Aubert Zohoré, de trouver un repreneur. Au plus fort de la crise ivoirienne, Intercontinental a abandonné la gérance et ­celle-ci a été reprise par les autorités. Mais les postulants ne se bousculent pas. En août 2009, l’établissement ferme pour permettre à la société Pierre Fakhoury Operator (PFO) de lui redonner vie. Au terme d’une véritable course contre la montre, elle vient de livrer, pour la tenue des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), une tour de 250 chambres, un casino et un Palais des congrès entièrement rénovés. Ces quatre derniers mois, quelque 1 500 ouvriers opéraient sur le site (tour et Palais des congrès) pour des travaux estimés à 65 milliards de F CFA.

Le chantier de rénovation du Palais des congrès a commencé par la coque extérieure, recouverte de corian (résine utilisée pour les laboratoires) sur plus de 8 000 m2. Sous la structure, une double bulle en staff (l’une blanche, l’autre dorée) où sont installés les éclairages et des équipements de sonorisation de la salle de conférences. Les sièges, plus confortables, ont été changés pour accueillir jusqu’à 1 600 congressistes.

La tour a quant à elle été complètement désossée. À l’intérieur, certains niveaux ont été recomposés afin de disposer de suites plus spacieuses et d’aménager des bureaux. Les 250 chambres, toutes refaites, ont été remeublées.

Une fois les assemblées de la BAD achevées, l’hôtel fermera ses portes pendant un mois afin de permettre au personnel de parfaire sa formation. Au cours des deux prochaines années, PFO prévoit de réhabiliter le reste des infrastructures (le complexe sportif avec bowling et patinoire, les restaurants, la boîte de nuit…) et avancera parallèlement le chantier de l’Ivoire Trade Center, quatre immeubles de bureaux et de commerces, en cours de construction. L’ensemble du ­complexe, qui s’inscrira dans un grand parc paysa­ger, est baptisé Village Ivoire. Des négociations sont engagées pour le retour d’Intercontinental. La gérance est actuellement, et jusqu’à la fin de l’année, assurée par PFO.

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