Les privés à la rescousse

À Abidjan, l’urbanisation accélérée a entraîné une recrudescence des crimes et délits. Une situation qui a favorisé la multiplication de sociétés spécialisées au service des entreprises, de la ville… et même de l’État.

Le siège de Risk, l’un des leaders du secteur, à Marcory. © Falonne

Le siège de Risk, l’un des leaders du secteur, à Marcory. © Falonne

Publié le 4 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Abidjan, la saga-cité
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Abidjan, la saga-cité

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Leurs patrouilles, leurs opérations et leurs agents – reconnaissables par les uniformes impeccables qu’ils arborent à bord de leurs 4×4 jaunes flambant neufs dans les rues défoncées d’Abidjan­ – font penser à des scènes de films d’action hollywoodiens. D’une cinquantaine d’entreprises en 2000, le secteur de la sécurité privée en compte aujourd’hui plus de 300 en activité. La crise armée survenue en septembre 2002 et, surtout, les événements anti-Français de novembre 2004 ont favorisé l’explosion du secteur, qui affiche une croissance continue depuis plusieurs années. Les sociétés privées, qui ne lésinent pas sur les moyens, sont parfois mieux équipées que les forces de l’ordre du pays.

On estime à 60 000 le nombre d’employés du secteur, un effectif qui dépasse de loin ceux de la gendarmerie (17 000 hommes) et de la police (19 000). Leurs clients : des filiales de multinationales, des bureaux d’organisations internationales (notamment ceux des Nations unies), des ambassades, des sociétés d’État, des restaurants, des grandes surfaces… « Nous nous sommes professionnalisés au point d’inspirer confiance », ironise André Séripka, président de l’Union patronale des entreprises de sécurité privée de Côte d’Ivoire (UPESP-CI).

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Agents très bien formés

Ainsi, une nouvelle compagnie de sécurité privée a innové en installant des caméras pour surveiller certains points stratégiques d’Abidjan. L’État lui-même n’hésite pas à transférer certaines compétences aux agents privés : missions de surveillance de sites sensibles, intelligence économique et militaire… Ils viennent aussi en appui au Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos), la force spéciale créée en juillet 2005 pour lutter contre la criminalité et le grand banditisme à Abidjan. « Il existe une parfaite complémentarité entre nos éléments et les sociétés de sécurité privées, reconnaît le commissaire Joachim Robé, commandant en second du Cecos. Nous avons régulièrement recours à leurs agents dans la planification des opérations de sécurité. »

Le groupe G4 Securicor, filiale de la multinationale anglaise du même nom, est l’unique société à capitaux étrangers et le leader du secteur. Il emploie plus de 3 000 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires d’une dizaine de milliards francs CFA en 2009, talonné de près par Risk et Vision, les deux entreprises fondées par l’homme d’affaires franco-ivoirien Frédéric Lafont qui, de l’avis de certains, ont révolutionné le métier.

Aujourd’hui, ces deux sociétés emploient quelque 3 000 agents très bien formés aux techniques de la sécurité et disposent d’un parc logistique impressionnant, composé d’une centaine de motos, de Hummer, de vedettes et même d’avions (en cas d’évacuation d’urgence). Grâce à son expertise, Vision rafle d’ailleurs, depuis plusieurs années, auprès des armateurs le juteux contrat de la sécurisation des bateaux et du plan d’eau lagunaire.

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À côté des leaders, de nombreuses compagnies privées nationales (BIP, Lavegarde, Vigassistance, Koneco Force…) essaient de jouer leur partition et de se démarquer face à la concurrence en diversifiant leurs offres : géolocalisation, maintien de l’ordre public dans les grandes entreprises, service d’escorte, garde rapprochée, convoyage de fonds, audit de sécurité, plans d’évacuation, chiens de garde, sécurisation d’événements… Le secteur a encore de beaux jours devant lui.

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