À la recherche du temps perdu
Plus de dix ans après sa dernière réunion en Côte d’Ivoire, la Banque africaine de développement (BAD) fait son grand retour à Abidjan. Le symbole est fort : les prochaines assemblées annuelles de l’institution se dérouleront, les 27 et 28 mai, dans l’enceinte d’un Palais des congrès enfin rénové. Plus de 2 300 participants sont attendus, dont certains chefs d’État, qui assisteront à la cérémonie inaugurale, et nombre de ministres, banquiers, consultants, chefs d’entreprise, journalistes… Tous ceux qui comptent au sein de l’économie et de la finance africaines ont rendez-vous dans la métropole ivoirienne, qui sera, une semaine durant, sous les feux des projecteurs du continent.
C’est un test grandeur nature pour tous ceux, officiels comme simples citoyens, qui rêvent de voir l’ex-Perle des lagunes renouer avec son glorieux passé de centre névralgique de l’Afrique de l’Ouest. Dans l’esprit des Ivoiriens, ce n’est d’ailleurs qu’une première étape. Abidjan espère toujours le retour définitif de la BAD, dont le siège a été délocalisé à Tunis en février 2003.
Cette ville jadis mythique étouffe sous le poids de ses habitants et cherche un nouveau souffle. Elle doit, pour cela, retrouver sa vocation première, celle de capitale économique et de centre d’affaires. Le transfert de l’administration à Yamoussoukro, une décision prise en… 1983, devrait lui permettre de mieux se projeter vers ce « Grand Abidjan » censé transformer une cité déliquescente en véritable poumon de la sous-région, grâce à son port et à son aéroport. Mais la concurrence est rude. Les voisins du « patient ivoirien » n’ont pas attendu que ce dernier guérisse, profitant de son affaiblissement pour lui tailler des croupières partout où ils le pouvaient. Le Sénégal ou le Ghana, entre autres, contestent chaque jour un peu plus la suprématie surannée de l’« Éléphant d’Afrique ».
La volonté existe, les grands projets et travaux avancent. Ils n’iront pourtant pas bien loin tant que l’horizon politique restera bouché. Car le pays a besoin, pour se permettre de se projeter vers l’avenir, de tourner définitivement la page d’une décennie de crise qui l’a mis à genoux. Hélas, si les Ivoiriens n’ont jamais été aussi près de renouer avec le rituel oublié du vote, le scrutin n’est encore qu’un mirage qui s’évanouit chaque fois que l’on s’en approche. Et chaque jour qui passe est un jour perdu pour la Côte d’Ivoire, dans sa quête de renouveau.
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