Silence, on juge

Sept affaires à connotation terroriste sont jugées depuis le 15 mai par la Cour criminelle de Nouakchott avec, en point d’orgue, le jugement dans l’affaire de l’assassinat de touristes français en 2007, attendu dans la journée de mardi.

Le palais de justice de Nouakchott. © Laurent Prieur pour J.A.

Le palais de justice de Nouakchott. © Laurent Prieur pour J.A.

Publié le 25 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

Le 15 mai, les femmes intégralement voilées n’ont pas été autorisées à franchir le seuil du palais de justice de Nouakchott. Le public a subi une fouille au corps. Pour y échapper, avocats et greffiers ont batailler. « Des mesures de sécurité très particulières », commente un témoin. À la hauteur du moment, très « particulier » lui aussi : l’inauguration de la session de la Cour criminelle de Nouakchott, l’équivalent de la Cour d’assises. Ses cinq membres – trois magistrats du siège et deux jurés populaires – doivent juger une série d’affaires, dont sept à connotation terroriste.

Les condamnations tombent dès les premiers jours : huit ans de prison pour Cheikh Brahim Ould Hammoud, accusé d’avoir introduit en Mauritanie une cassette vidéo contenant les revendications des ravisseurs de deux touristes autrichiens enlevés en Tunisie en 2008 ; six ans de travaux forcés pour Abdellahi Ould Mohamed Sidiya, convaincu d’avoir « planifié des actes terroristes sur le territoire mauritanien ».

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Dans les deux cas, les peines sont en deçà des réquisitions du parquet (respectivement douze et trente ans). La Cour a-t-elle jugé les dossiers mal ficelés ?  Peut-être. Mais il est possible qu’elle ait tenu compte du repentir d’Ould Mohamed Sidiya, qui avait renoncé à la violence lors du dialogue engagé en janvier par les autorités avec les djihadistes détenus. Autre source d’interrogation : l’empressement de la justice à prononcer les peines. « Pour la défense et les familles, ce sont des décisions prises hors du prétoire », affirme une source sous le couvert de l’anonymat.

Moment fort de cette séquence judiciaire qui passionne les Nouakchottois : le procès de l’« affaire d’Aleg », censé démarrer le 23 mai. L’expression renvoie à l’assassinat de quatre touristes français (le cinquième est encore grièvement blessé), le 24 décembre 2007, à quelque 200 km au sud-est de Nouakchott. Revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l’attentat avait entraîné l’annulation du Paris-Dakar, qui se tient désormais en Amérique latine. Douze accusés comparaissent. Parmi eux, trois jeunes Mauritaniens soupçonnés d’être les auteurs directs du crime : Sidi Ould Sidina, Mohamed Ould Chabarnou et Maarouf Ould Haiba. Un procès qui aura valeur de test pour une justice mauritanienne accusée d’inefficacité.

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