De Pierrelatte à Casablanca

Publié le 2 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Alors qu’il usait encore ses culottes courtes sur les bancs de l’école, Ouadih Dada caressait déjà le rêve de présenter le journal télévisé. Il l’a réalisé il y a quatre ans. Il n’avait alors que 25 ans et un mastère de journalisme en poche. Depuis sa Drôme natale (sud-est de la France), il recherchait un stage. Il avait envoyé des CV un peu partout en France, et n’avait postulé qu’auprès d’une seule chaîne au Maroc : 2M. Il collectionnait, au mieux, des réponses négatives, quand arriva un courrier l’informant qu’il était le bienvenu à Casablanca.

La capitale économique du royaume, il n’y avait jamais mis les pieds. Il ne connaissait du Maroc que Bhalil, la bourgade natale de ses parents. Quand il les informe de son départ, sa mère écrase une larme, et son père le met en garde contre l’insécurité qui règne dans ce “Chicago” marocain. Il les rassure et s’envole pour l’inconnu.

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Sur le plan professionnel, « l’accueil a été génial », et l’ascension fulgurante. Après un stage de cinq mois, on lui propose de présenter le journal. Le soir de sa « première », il est submergé par le trac. Mais à Pierrelatte, sa ville natale, où toute sa famille le regarde sur le petit écran, c’est l’euphorie. Si son insertion professionnelle n’a pas posé de problème majeur, il avoue que s’adapter à Casablanca et à ses habitants n’a pas été aisé. « Je me sens et je me sentirai toujours en décalage, confie-t-il. C’est en arrivant au Maroc que le mot intégration, que j’entendais en France, a pris toute sa dimension. C’était assez déstabilisant. Et il m’a fallu trois ans et demi pour trouver un équilibre dans mes rapports avec les gens. Au début, je circulais en taxi, je me disais que je ne pourrais jamais conduire ici. Maintenant, je conduis comme eux. »

Mais il y a des comportements auxquels il ne se fera jamais, comme se dispenser de faire la queue. Et puis il y a des petits plaisirs de sa douce France qui lui manquent : « flâner et se poser sur une terrasse ». S’il devait dresser un bilan ? « J’ai réalisé mon rêve professionnel et j’ai rencontré ma femme ici. Je déteste Casablanca, mais j’adore le Maroc, sinon je ne serais pas resté. Le pays évolue de manière extraordinaire, et j’en suis d’autant plus conscient que je suis au cœur de la mécanique qui relaie ce qui se fait. Indéniablement, il y a des dysfonctionnements, mais une dynamique a été enclenchée et rien ne l’arrêtera. »

Aujourd’hui, Dada a encore deux rêves : s’offrir une Porsche et greffer Avignon à Casablanca.

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