Trafigura devant la justice
L’affréteur qui a transporté des déchets toxiques jusqu’à Abidjan comparaît à Amsterdam à partir de mardi.
C’était il y a bientôt quatre ans. En août 2006, le Probo Koala, un navire immatriculé au Panama, piloté par un équipage ukrainien, déversait 528 m3 de déchets toxiques – des résidus provenant de l’épuration d’un dérivé pétrolier – à Abidjan. Dix-sept personnes s’étant trouvées à proximité du produit sont mortes, des milliers sont tombées malades. Pour les familles des victimes, le lien de causalité est évident. Des expertises, mises en avant par l’affréteur, Trafigura, affirmeront plus tard que les déchets n’étaient pas à l’origine des pathologies. Celui-ci s’en est sorti jusqu’ici avec des indemnités aux victimes et au gouvernement ivoirien. Trafigura n’évite pas pour autant un procès, sur un autre volet : le viol des règles internationales en matière d’importation et d’exportation des déchets. Il doit débuter le 1er juin à Amsterdam et durera cinq semaines.
En juillet 2006, le Probo Koala avait fait escale aux Pays-Bas, où les déchets devaient être traités. Mais l’opération, trop chère, avait été annulée. C’est pour ce passage à Amsterdam que l’affaire est au tribunal. Devant le juge : Trafigura, le capitaine du Probo Koala, APS – société chargée du traitement des déchets – et la ville d’Amsterdam.
Trafigura n’en a pas pour autant fini avec le volet ivoirien, qui pourrait refaire surface à Amsterdam. Le 18 mai, l’organisation écologique Greenpeace a accusé Trafigura d’avoir acheté les témoignages de neuf chauffeurs. Ils avaient transporté les déchets jusqu’à la décharge et, selon Greenpeace, auraient reçu au total 2 950 euros chacun pour affirmer qu’ils sont aujourd’hui en bonne santé. Un rapport a été remis au parquet néerlandais. Trafigura admet avoir versé 2 300 euros à chaque chauffeur début 2010, mais précise que c’était à la suite d’une tentative de chantage.
Hasard du calendrier, un livre d’enquête, Le Cargo de la honte, est sorti le 19 mai en France, aux éditions Stock. Les auteurs, Bernard Dussol (journaliste) et Charlotte Nithart (directrice de l’association Robin des bois) reprennent l’enquête et démontrent qu’il n’y a dans cette affaire qu’une motivation : l’appât du gain. Le service de communication de Trafigura, contacté par Jeune Afrique, dénonce « un livre à charge » et en conteste plusieurs points.
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