Cette folle journée du 15 mai

Deux attentats ont suivi l’investiture de Paul Kagamé par son parti pour la prochaine présidentielle.

Paul Kagamé (au c.) avec son épouse, Jeannette, le 7 avril, lors de la commémoration du génocide © AFP

Paul Kagamé (au c.) avec son épouse, Jeannette, le 7 avril, lors de la commémoration du génocide © AFP

Publié le 25 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

L’ambiance est à la fête en ce samedi ensoleillé. Le 15 mai, le stade Amahoro (« la paix » en kinyarwanda) accueille près de 30 000 congressistes du Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir) venus des quatre coins du pays pour l’investiture de Paul Kagamé, candidat du parti pour la présidentielle d’août prochain. Comme pour tous les événements de ce genre au Rwanda, l’organisation est parfaite. Fêté par les siens, Kagamé s’offre un tour du stade au rythme des tam-tams, sous les acclamations des dizaines de milliers de militants participant à ce congrès extraordinaire du FPR. « Kagamé, oyé, oyé, oyé ! » martèle la foule en délire.

Quelques heures plus tard, Kigali est secoué par deux attaques à la grenade qui provoquent la mort d’une personne et en blessent vingt-huit autres. Comme pour les attentats terroristes du 19 février et du 4 mars, aucune organisation n’a revendiqué la paternité de ces attaques, qui ont un mode opératoire similaire.

la suite après cette publicité

La première a lieu en début de soirée : dans un quartier populaire et sur une place très fréquentée, une main criminelle dégoupille une grenade offensive, la jette sur la foule et s’enfuit à la faveur de la pénombre. L’enquête s’avère difficile et les services de sécurité avouent leur impuissance à identifier rapidement les auteurs de l’attentat.

La cible : le quartier commercial de Remera, non loin du stade. Les pouvoirs publics refusent cependant de faire un lien entre cette explosion et l’investiture de Kagamé. « C’est totalement fortuit, explique un cadre du FPR. Ces actes isolés n’obéissent à aucun agenda particulier : le 19 février ou le 4 mars n’étaient pas des dates particulières. »

Cet argument est mis à mal par le choix du site visé par la seconde attaque : Nyabugogo abrite la gare routière de Kigali, et l’attentat a eu lieu au moment où les milliers de congressistes venus de l’intérieur du pays s’apprêtaient à rejoindre leurs foyers. Si cette folie meurtrière réveille les fantômes du passé (les attaques à la grenade ont fait leur apparition quelques mois avant le génocide de 1994), elle ne provoque pas encore de panique au sein de la population. Ces attentats sont néanmoins pris au sérieux : la ville a été immédiatement sécurisée, Kigali tenant à sa réputation de capitale africaine la plus sûre, et des patrouilles pédestres de l’Armée populaire du Rwanda se sont déployées. Si l’armée fait le boulot de la police, c’est peut-être que la situation est plus sérieuse qu’on ne le dit.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

La capitale rwandaise est réputée la plus sûre d’Afrique. © AFP

La série d’attaques à la grenade se poursuit à Kigali

Contenus partenaires