Alerte à l’arachide qui tue

Le risque de contamination à l’aflatoxine, substance cancérigène, se multiplie, notamment au Sénégal.

Le séchage est une étape cruciale. © AFP

Le séchage est une étape cruciale. © AFP

Publié le 21 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

Moisson record d’arachide pour le Sénégal cette année. Avec plus de 1 million de tonnes, la production a bondi de 40 % en un an. Tandis que le ministère de l’Agriculture a de quoi se réjouir, celui de la Santé s’inquiète. Le surplus des récoltes ne trouvant pas de débouché dans les huileries industrielles est stocké et pressé artisanalement, dans des conditions favorisant la prolifération d’aflatoxine, une substance cancérigène.

Des taux élevés d’humidité comme ceux de cette année, de fortes chaleurs et une transformation artisanale massive, voilà le cocktail que redoutent les experts. « Avant, on trouvait essentiellement l’huile artisanale dans les zones rurales. Aujourd’hui, en raison des bonnes récoltes, on la trouve aussi sur les marchés de Dakar », témoigne le docteur Amadou Kane, de l’Institut de technologie alimentaire de Dakar. Une série de tests à l’aflatoxine a donc été lancée dans tout le pays, dont les résultats doivent être connus d’ici à la fin du mois de mai.

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Si le Sénégal ne dispose pas d’études chiffrées sur la contamination à l’aflatoxine et ses conséquences sanitaires, des enquêtes ont été menées dans d’autres pays, comme le Kenya ou le Mozambique. Au Kenya, en 2004, les hôpitaux ont recensé 317 cas de contamination grave, un chiffre sans doute bien inférieur à la réalité, nombre de malades n’ayant pas accès aux structures hospitalières, et 125 de ces patients sont décédés, souvent en moins d’une semaine. Quand la contamination apparaît sur un terrain hépatique, elle est souvent fatale. « Il a été montré que le taux de cancer du foie est 60 fois plus élevé chez les personnes atteintes d’hépatite B contaminées par l’aflatoxine que chez les patients hépatiques non contaminés », explique Ranajit Bandyopadhyay, chercheur à l’Institut international d’agriculture tropicale, au Nigeria. Par ailleurs, des études menées au Bénin et au Togo ont montré l’impact de cette toxine sur la croissance des enfants.

À la suite d’analyses relevant de forts taux d’aflatoxine dans le maïs, le gouvernement kényan a lui aussi lancé une alerte, en rappelant que la contamination peut être évitée grâce à une bonne ventilation des stocks et à des procédés de filtration. Le Sénégal vient d’ailleurs de mettre au point un procédé d’élimination de l’aflatoxine – filtrée avec de l’argile –, qu’il s’agit maintenant de promouvoir.

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