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Publié le 20 mai 2010 Lecture : 3 minutes.

Cameroun, deux hommes, une nation
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Cameroun, deux hommes, une nation

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Brigitte Fotso
Notaire à Yaoundé, 46 ans

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« Le Cameroun jouit de la paix et de la stabilité politique. Il a construit des infrastructures qui ont changé son visage. La baisse drastique des salaires et celle du niveau de vie des Camerounais sont les zones d’ombre au tableau. Je déplore les licenciements massifs, le chômage, la corruption qui est définitivement installée dans les mentalités, l’exode des cerveaux, la perte de certaines valeurs humaines. »

Manassé Aboya Endong
Enseignant en sciences politiques à Douala, 46 ans

« Le Cameroun est dépendant de ses matières premières, généralement pris en otage par une gouvernance de la sous-traitance, parfois sous perfusion budgétaire venant des anciennes puissances coloniales ou par l’intermédiaire des institutions internationales. Notre pays se montre incapable de s’affranchir au quotidien de la mentalité de colonisé. L’image de ‘’l’Afrique des comptoirs’’ demeure. »

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Samuel Sobgoum
Libraire à Yaoundé, 54 ans

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« J’ai connu le régime de terreur d’Ahidjo. J’ai connu le maquis, les massacres, la répression qui a duré jusque dans les années 1970. Quand Paul Biya est arrivé au pouvoir, en 1982, nous étions plein d’espoir. Sur la photo du nouveau président que j’avais accrochée au-dessus de mon bureau, j’avais inscrit “Moïse”. Mais la liberté ne signifie rien quand on sombre dans la pauvreté. La gestion du pays n’est pas bonne. »

Emmanuel Ntossui
Infirmier dans le nord de la France, 41 ans

« Pendant une certaine période, on a craint la guerre civile. Le gouvernement a su créer une cohésion sociale qui fait que, malgré la misère, on gardera au moins la paix. Les investisseurs sont plus sereins maintenant. Je compte donner de l’argent à mon petit frère pour qu’il démarre son entreprise. En revanche, les mêmes personnes sont maintenues au pouvoir malgré les scandales de corruption qui font surface. »

Hanna Attyam Essono
Retraitée à Paris, 65 ans

« Il y a des investissements qui vont se faire dans les infrastructures à Kribi. Il y a longtemps qu’on l’attendait et ça se réalise enfin ! Les Camerounais rentrent au pays pour aller travailler et investir chez eux. En revanche, quand les gens obtiennent des postes importants, ils doivent être plus sérieux. On est fatigués de les voir en prison parce qu’ils ont volé de l’argent. »

Clarence Tueguem
Consultant à Yaoundé, 52 ans

« Nous avons construit un pays de paix. Les Camerounais sont entreprenants et dynamiques. Mais nous avons une fonction publique qui emploie des gens de moins en moins bien formés et de plus en plus arrogants. Ils ont appauvri le pays en détournant l’argent public. La bureaucratie est lourde et décourage les investisseurs. La corruption a atteint des niveaux inquiétants. »

Armel Ndongo Mvondo
Cadre de banque à Yaoundé, 28 ans

« Le taux de scolarité est très élevé. Il y a de moins en moins de Camerounais qui ne savent pas lire ni écrire. Les filles vont à l’école. Mais nous devons encore consolider notre démocratie. Mettre en place des institutions plus fortes. Nous devons aussi faire des efforts sur le plan des infrastructures. Il faut changer les mentalités et réformer l’administration, sinon nous passerons notre temps à élaborer des programmes économiques qui n’auront pas de réel impact sur la vie des Camerounais. »

Rachel Malongo
Journaliste à Yaoundé, 23 ans

« L’accès à l’école est gratuit. Il y a des dizaines de partis politiques. La liberté d’expression est réelle. Mais nous devrions mieux choisir nos gouvernants. Il nous arrive de copier bêtement des modèles issus des anciennes puissances coloniales. L’exode des cerveaux devient alarmant. Sur le plan économique, il y a beaucoup de projets en cours, mais je doute que nous nous classions parmi les pays émergents en 2035. »

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