Cameroun : deux hommes, une nation
Les Camerounais ont connu deux présidents en cinquante ans, Ahmadou Ahidjo et Paul Biya. Qui ont préservé la paix et l’unité. Mais à quel prix ?
Cameroun, deux hommes, une nation
Deux chefs d’État pour un demi-siècle d’indépendance. Vingt-deux ans avec Ahmadou Ahidjo, vingt-huit – ou presque – avec Paul Biya. Ainsi peut se résumer l’histoire du Cameroun contemporain. Réducteur ? Certes, car cela fait bon marché des formidables évolutions souterraines, multiformes et scissipares d’une société de 19 millions d’âmes en pleine création, mais aussi, trop souvent, en plein désarroi. Les Camerounais ont le nationalisme à fleur de peau et la fierté du drapeau, la conscience d’appartenir à un grand pays et le souvenir d’avoir lutté, parfois les armes à la main, pour leur indépendance, mais leur assurance cache mal un étrange et complexe sentiment d’inachevé. Si tous savent gré à l’un et l’autre de ces deux présidents d’avoir maintenu la paix et l’unité, la plupart souhaitent qu’une possibilité d’alternance soit à tout le moins envisageable en 2011, date de la prochaine élection à la magistrature suprême. Ils le disent, mais ils le redoutent, tant cette perspective s’apparente à un saut dans l’inconnu. Au point que ceux-là mêmes qui juraient de descendre dans la rue si Paul Biya osait faire modifier la Constitution afin de pouvoir se représenter estiment, maintenant que cette réforme est passée (presque) comme une lettre à la poste, que rien ne devrait s’opposer à sa reconduction. Reste à savoir si cette perspective est jouable sans un vrai redémarrage de l’économie et une augmentation palpable du niveau de vie des Camerounais. Alors que le pays célèbre, ce 20 mai, à la fois le cinquantenaire de son indépendance et le trente-huitième anniversaire de la réunification – qui demeure encore à parachever – entre ses parties francophone et anglophone, c’est sur ce terrain-là, celui du social et de la lutte contre la pauvreté, que se livreront les batailles de demain. Pour le reste, comme le dit Paul Biya dans une phrase désormais culte : « Le Cameroun, c’est le Cameroun… »
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