Global CST, de Dadis à Konaté
Moussa Dadis Camara : un nom que Global CST voudrait bien oublier. Cette société privée israélienne a étroitement collaboré avec le leader du Conseil national pour le développement et la démocratie (CNDD). Mais, après le massacre du 28 septembre, elle a fait machine arrière. Pour mieux revenir, une fois Sékouba Konaté parvenu aux commandes.
Depuis plusieurs semaines, le nom de Global CST revient avec insistance à Conakry. Et pour cause : les liens entre cette société privée israélienne et le capitaine Dadis Camara, l’ancien chef de la junte, sont désormais clairement établis.
Dès son arrivée au pouvoir, en décembre 2008 – un an avant la tentative d’assassinat dont il sera victime –, le successeur du président Lansana Conté se méfie de certains éléments de l’armée. En particulier des « bérets rouges », une force paramilitaire censée lui être fidèle, mais sur laquelle il n’exerce pas un contrôle absolu.
Sur la recommandation d’un homme d’affaires israélien très bien implanté en Guinée, Dadis se tourne alors vers le patron de Global CST. Ex-chef des opérations de Tsahal, le général Israel Ziv a supervisé l’entraînement des commandos colombiens qui ont libéré Ingrid Betancourt, en juillet 2008. Il a aussi servi de conseiller militaire auprès de la Géorgie juste avant la guerre avec la Russie, en août de la même année.
Séduit par les promesses de Dadis, qui parle de démocratiser la Guinée et de la doter d’infrastructures modernes, Ziv accepte de lui venir en aide. « Avec les Israéliens, on est convenu dès le départ de redresser le pays, de provoquer des élections et d’en finir avec la corruption », confie un ancien proche du capitaine Camara.
En avril 2009, Ziv conclut un premier accord de 10 millions de dollars portant sur la formation d’une garde rapprochée, dévolue à la protection du chef de la junte. Le quotidien Haaretz, qui révèle l’affaire, affirme que Global n’a pas attendu le feu vert des autorités israéliennes, en violation de la législation nationale, qui en fait obligation à toute société travaillant dans le secteur de la défense, sous peine de sanctions. « Faux, rétorque Ziv. D’abord, nous avons agi selon les règles, en nous tournant vers les ministères de la Défense et des Affaires étrangères. Ensuite, nous ne sommes pas habilités à fournir des armes, mais seulement des instructeurs. » Et de conclure : « Global n’a jamais vendu une seule cartouche de fusil. »
Vice de procédure
Mais au lendemain des massacres du 28 septembre 2009, alors que les pressions internationales sur le régime de Dadis s’accentuent, le ministère israélien des Affaires étrangères demande l’ouverture d’une enquête sur Global CST. Et découvre que l’entreprise a signé avec les Guinéens dix jours avant d’avoir reçu l’autorisation écrite de son gouvernement. Entretemps, au cours de l’été 2009, le général Ziv a senti le vent tourner : il a renoncé au projet de formation d’une garde présidentielle, qu’il cède à une société sud-africaine.
Sorti indemne de cette affaire, Global CST paraît aujourd’hui déterminé à poursuivre ses activités dans le pays. « Plusieurs projets civils en sont à un stade très avancé », confirme un membre de l’équipe. Le 29 avril dernier, devant une foule immense et accompagné de dix-huit de ses ministres, Jean-Marie Doré, le Premier ministre guinéen, a inauguré une station de traitement d’eau, à proximité du lac de Sonfonia. Réalisé par la Société des eaux de Guinée (SEG), sous la direction de Global CST, dont le logo apparaît sur les quatorze cuves de la station, l’ouvrage doit assurer l’approvisionnement en eau potable de Conakry et de sa périphérie. Il produit 10 000 m3 d’eau par jour et devrait doubler, à terme, sa capacité de pompage.
Depuis que Sékouba Konaté assure l’intérim à la tête de l’État, Global CST assume ses ambitions. « La Guinée mérite d’être développée. Nous pouvons en faire un pays émergent », plaide le général Ziv, conscient que la pérennité de sa société dans le pays est liée aux résultats de l’élection présidentielle du 27 juin.
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