Kobus Meiring, « Monsieur 100 000 Volts »
Père de la Joule, une voiture électrique haut de gamme qui sera lancée en 2012, le patron sud-africain d’Optimal Energy est en passe de révolutionner l’automobile au niveau continental. Voire mondial.
Une crise, et ça repart
Les collègues de Kobus Meiring, 45 ans, s’interrogent déjà sur le prochain défi que choisira l’ingénieur-entrepreneur sud-africain. « Quand nous aurons mis 20 000 à 30 000 voitures électriques sur la route, il sera sûrement déjà en train d’imaginer son projet suivant », résume Diana Blake, directrice des ventes et du marketing d’Optimal Energy. Ingénieur en aérodynamique, Meiring a démarré sa carrière en 1988 chez Denel Aviation, où il a contribué à perfectionner l’hélicoptère d’attaque Rooivalk. Dix ans plus tard, c’est à lui que le gouvernement sud-africain a confié la création, pour 30 millions de dollars (22,7 millions d’euros), du Southern African Large Telescope (SALT) – le prestigieux télescope à grande envergure installé dans le désert du Karoo.
Kobus Meiring raconte souvent comment, présent à un congrès mondial d’astronomes en 2004, il s’est dit qu’il n’avait rien en commun avec ces gens qui regardaient les étoiles. Peut-être sa hauteur naturelle (1,98 m) lui suffit-elle. Marié et père de quatre enfants, il avait besoin d’un projet plus terre à terre. Avec quatre amis, il a imaginé la première voiture électrique africaine, qui serait construite à bas coût et ciblerait les marchés urbains sud-africains et européens.
Soutien du gouvernement
« Par chance, à travers un agent immobilier qui cherchait une maison au Cap pour un client, Kobus a rencontré Keith Helfet, un designer britannique de la maison Jaguar, qui lui a expliqué que, s’il voulait lancer une voiture électrique, il fallait qu’elle ait une autonomie de 300 km et qu’elle se place sur le marché du haut de gamme. Quelques jours plus tard, Helfet est revenu avec un design merveilleux. C’était la Joule, une vraie voiture avec tout le luxe d’une Honda FRV, d’une Mercedes B ou d’une Renault Scenic », se souvient Diana Blake.
Si la Joule rentre en production comme prévu en 2012, ce sera en partie grâce au soutien du gouvernement. À Optimal Energy, on remercie en particulier l’ex-ministre de la Science et de la Technologie, Mosibudi Mangena, de son engagement. « Il n’était pas de l’ANC [Congrès national africain, au pouvoir, NDLR], donc aucune complication politique n’entrait en jeu. S’il aimait un projet, il le soutenait, et il a adoré l’idée que l’Afrique du Sud puisse inventer et fabriquer sa propre voiture à une époque où l’industrie automobile s’effondre dans le monde entier », explique Diana Blake.
Jusqu’à ce jour, le gouvernement a fourni 45 % du capital et continue de soutenir les ambitions de Meiring, dont certaines exigences écologiques. Ainsi, l’usine de production, à Port Elizabeth ou East London (l’endroit est à l’étude), sera neuve et fonctionnera dans un strict respect de l’environnement. Le véhicule de cinq places, qui coûtera autour de 33 000 dollars (22 700 euros) pour le modèle de base, a déjà fait des envieux aux salons de Paris et de Genève. « Kobus a décidé qu’il fallait maintenant fidéliser les Sud-Africains. Deux prototypes roulent déjà et nous allons en produire encore dix pour que nos compatriotes se mettent à aimer cette voiture », explique Diana Blake, qui a passé dix-huit ans chez BMW, à Pretoria, avant de rejoindre Optimal Energy, au Cap. « Kobus nous fait beaucoup travailler, dit-elle. C’est un leader né. Il sait partager sa vision avec ses employés et faire de la place pour tout le monde. » Né à Paarl, à 60 km du Cap, dans une région connue pour son vin, Kobus Meiring en fait le pari : sa voiture sera un grand millésime.
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