Maroc : au coeur de la salle des marchés de l’OCP

Opérationnelle depuis plus de trois mois, la structure se consacre essentiellement à la gestion des risques financiers de l’Office chérifien des phosphates.

C’est la première fois qu’une entreprise non financière se dote d’un tel service au Maroc © OCP

C’est la première fois qu’une entreprise non financière se dote d’un tel service au Maroc © OCP

Publié le 29 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

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Après cinq ans de test – compte tenu de la complexité du projet – et un investissement de 10 millions de dirhams (895 200 euros environ), la salle des marchés de l’Office chérifien des phosphates (OCP) a démarré ses activités début février. Une première pour une entreprise non financière au Maroc. Situé au siège du groupe, à Casablanca, ce service regroupe un front office, qui traite avec les marchés financiers ; un middle office, chargé, entre autres, des contrôles quotidiens et périodiques ; et un back office, qui comptabilise les opérations au jour le jour. Pour le moment, l’équipe compte une douzaine d’employés marocains, et s’étoffera selon les besoins et l’évolution des activités.

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Lors du recrutement, l’OCP a choisi des collaborateurs compétents dans la finance, et des spécialistes des marchés financiers locaux et internationaux, notamment la City, à Londres. Cette salle des marchés a vocation à gérer les risques financiers actuels et futurs du groupe. « L’objectif est de sécuriser nos flux de trésorerie et d’améliorer nos performances financières dans le respect des règles de prudence que nous avons définies par ailleurs », déclare Mohamed El Hajjouji, directeur exécutif chargé du pôle financier et des supports de gestion de l’OCP, précisant que la salle des marchés d’une entreprise n’a pas la même fonction que celle d’une banque, dont la finalité est de maximiser ses profits. Les risques financiers encourus par l’OCP sont majoritairement de change, car son activité est réalisée à 90 % à l’export. « Une variation du dirham de 10 centimes par rapport au dollar impacte notre résultat net de 500 millions de dirhams lors d’une année normale », précise Mohamed El Hajjouji. Les risques financiers peuvent aussi concerner les taux d’intérêt, en raison des placements et emprunts réalisés par le groupe.

 Enjeux colossaux

Notre règle de base est la sécurisation du capital, d’où notre gestion très prudente.
Mohamed El Hajjouji, directeur éxécutif 

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Grâce à une application bancaire nommée cash pooling, la salle des marchés comptabilise, centralise et arrête les positions financières de l’ensemble du groupe. Cela lui offre une visibilité sur ses encours, tout en lui permettant de les gérer de façon dynamique et optimale. « Cette entité est l’unique interface avec les marchés pour toutes les unités du groupe. C’est elle qui négocie les flux en dirhams et en devises étrangères, ainsi que les placements et les financements », explique le directeur exécutif. Et de poursuivre : « 100 dirhams de flux d’exploitation entraînent 900 dirhams de flux financiers. Les flux globaux générés par notre activité sont ainsi multipliés par neuf. Sur un chiffre d’affaires annuel de 60 milliards de dirhams, cela représente pratiquement 600 milliards de dirhams. » C’est dire les enjeux colossaux qu’ont à gérer les employés de cette salle. Sur les marchés, ils n’investissent pas sur les actions et n’interviennent pas à la Bourse de Casablanca. Ils se concentrent sur les obligations souveraines notées AAA ou assimilées, c’est-à-dire sur des titres de créance d’institutions financières de premier niveau. « Notre règle de base est la sécurisation du capital, d’où notre gestion très prudente », assure Mohamed El Hajjouji. Cela dit, l’univers d’investissement sera élargi si la réglementation des produits financiers au Maroc évolue.

Enfin, cette salle des marchés est soumise à des procédures de contrôle interne de trois niveaux. Le premier, d’ordre organisationnel, implique le middle office ; le deuxième est informatique, avec des verrouillages automatiques ; le troisième repose sur les conventions signées avec les contreparties, qui indiquent les interdits et les limites financières à ne pas franchir. Et cela en conformité avec les meilleurs standards internationaux.

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