PlaNet Finance creuse son sillon
Formation, microcrédit, bonne gouvernance : en moins de dix ans, cette organisation de solidarité internationale a fait du continent l’une de ses principales sources de revenus.
Elle s’invite désormais dans le top 100 des ONG internationales. En 2013, PlaNet Finance est l’une des rares françaises, avec Handicap international, à voir son nom apparaître dans le classement du magazine suisse The Global Journal. Voilà qui ne manquera pas d’agacer les nombreux détracteurs de l’organisation dirigée par Jacques Attali, ex-sherpa de François Mitterrand, et souvent décriée pour sa communication outrancière.
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D’autant que, à l’heure où les bailleurs de fonds se montrent plus frileux et où les financements sont revus à la baisse, le groupe s’en sort plutôt bien en Afrique subsaharienne. Contrairement à d’autres régions, où l’activité ralentit, ses revenus devraient y progresser de 20 % en 2013 par rapport à l’an dernier. En soi, rien d’étonnant, la zone étant, selon le Consultative Group to Assist the Poor (CGAP) – le pôle de ressources de la Banque mondiale -, la région du monde où le pourcentage d’adultes n’ayant pas accès aux services financiers formels est le plus élevé : 88 %, contre 78 % en Asie du Sud, 60 % en Amérique latine et 8 % dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Et PlaNet Finance a vite mesuré l’ampleur des besoins. Avec 45 projets réalisés depuis 2004, et une vingtaine en cours, le groupe a fait du continent l’une de ses terres de prédilection. Présent dans 16 pays, il y réalise 45 % de ses activités, soit 4,5 millions d’euros sur 10 au total.
Parmi ses missions, PlaNet Finance assiste et forme des acteurs de la microfinance. « À certaines exceptions près, tel le Sénégal qui compte plusieurs masters sur le sujet, la formation dans ce domaine fait toujours défaut en Afrique, d’autant que, avec la naissance de services comme le mobile banking, de nouveaux besoins apparaissent », explique Clémence Doumenc Aidara, directrice régionale Afrique de l’Ouest, Afrique centrale et océan Indien du groupe. Dans ce vaste chantier, PlaNet Finance travaille avec 42 institutions de microfinance partenaires, soit 2,2 millions de membres ou clients. Parmi les 6 000 employés de ces institutions, 250 ont été formés par l’organisation l’an dernier. Celle-ci s’appuie également sur ce réseau pour enseigner les bases de la finance et de la gestion aux microentrepreneurs.
Une ascension sénégalaise
Logée dans l’entité MicroCred, l’activité de microcrédit de PlaNet Finance représentait, fin mars, un encours total de 78 millions d’euros pour 177 320 clients. Au Sénégal, MicroCred s’affiche désormais comme le quatrième acteur du secteur, avec plus de 81 000 clients sur 1,6 million de personnes ayant accès au microcrédit (13 % de la population). M.C.
Par ailleurs, le groupe développe au Bénin, avec Sanofi, l’accès aux services d’assurance santé pour les membres des institutions de microfinance.
Professionnalisation
Planet Finance tente également d’agir auprès des gouvernements, sans le soutien desquels la filière a peu de chances de s’épanouir. Le Sénégal a ainsi su mobiliser les bailleurs de fonds et faire émerger le secteur depuis plusieurs années. Et la Côte d’Ivoire aimerait en faire autant. Son gouvernement finance d’ailleurs un projet d’assistance technique mené par PlaNet Finance auprès de son ministère de l’Économie. « En Côte d’Ivoire, la demande est très forte et les besoins en main-d’oeuvre qualifiée sont importants, confirme Clémence Doumenc Aidara. L’activité repart, la population a envie d’entreprendre. Une loi visant à aider le secteur doit prochainement passer en Conseil des ministres. » Reste que, sans une « bonne gouvernance », ces efforts pour le professionnaliser risquent d’être vains. PlaNet Finance a donc diffusé un guide sur la transparence financière et tente de faire connaître ces principes au sein des instituts de microfinance qui émergent au Sénégal, au Bénin, au Burkina Faso et au Mali.
Une initiative louable, mais encore trop peu relayée par les instances régionales, comme en témoigne le retard pris par le régulateur du secteur dans la sous-région, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), pour faire naître une centrale des risques. Et endiguer le surendettement des populations.
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