Ramgoolam rempile

Ce n’est pas le « 60-0 » annoncé par les partisans de NavinchandraRamgoolam durant la campagne, mais le résultat des élections législatives du 5 mai est sans appel. Avec 41 sièges sur 62 (60 à Maurice et 2 à Rodrigues), l’Alliance de l’avenir (Parti travailliste, PTr ; Mouvement socialiste militant, MSM ; et Parti Mauricien Social Démocrate, PMSD), du Premier ministre sortant, obtient une majorité confortable. L’Alliance du cœur, menée par le Mouvement militant mauricien (MMM), de Paul Bérenger, ne remporte que 18 sièges. Ce dernier, réélu dans sa circonscription, où il faisait face à une forte adversité, a reconnu sa défaite avant même la proclamation des résultats.

Malgré une campagne sans débats d’idées, émaillée d’invectives entre les candidats, d’accusations envers les médias et de débordements communautaristes, 78 % des Mauriciens ont participé au scrutin – à peine moins qu’en 2005 (81 %), lorsque Ramgoolam avait évincé la coalition MMM-MSM du pouvoir.

À 62 ans, le chef du PTr devrait rempiler pour cinq ans à la tête du gouvernement. C’est la première fois depuis 1991 qu’un Premier ministre sortant est reconduit. Après s’être débarrassé de Rama Sithanen, son ministre des Finances, accusé par l’opposition d’être à la solde du secteur privé, et s’être allié à Pravind Jugnauth, le leader du MSM, qui se veut le défenseur des laissés-pour-compte, Ramgoolam a promis de revenir sur certaines mesures libérales adoptées par son propre gouvernement. « Chacun aura sa chance. Personne ne sera laissé au bord de la route du développement », s’est-il écrié.

Lors des meetings, il a annoncé sa volonté d’instaurer une deuxième République, précisant qu’un comité d’experts se pencherait sur la question. Ils pourraient proposer de modifier le système électoral, qui favorise le vote communautaire, alors même que Ramgoolam, plébiscité par la majorité hindoue du pays, en a bénéficié.