Le libanais Byblos s’aventure en terre africaine

La banque libanaise cherche à se développer à l’étranger en s’implantant sur des marchés à risques. Après la RD Congo et le Soudan, elle lorgne désormais la Libye.

La salle des marchés de l’institution financière à Beyrouth © Jamal Saidi/Reuters

La salle des marchés de l’institution financière à Beyrouth © Jamal Saidi/Reuters

Publié le 30 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

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Les financiers libanais s’expatrient depuis longtemps, mais les banques, elles, se risquent peu hors des frontières. Étant donné son instabilité politique et les flambées de violence qui secouent le pays, plusieurs banques libanaises ont envisagé de diversifier leurs opérations à l’étranger. À commencer par Byblos Bank. Au cours de la dernière décennie, la troisième institution financière du pays a notamment jeté son dévolu sur le Soudan, l’Irak et, plus récemment, la RD Congo. Selon Sami Haddad, son président-directeur général, cela découle de la surexposition de Byblos au marché intérieur.

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Alors que le choix de ces marchés risqués peut sembler surprenant, l’ex-ministre libanais de l’Économie souligne que c’est précisément ce qui les rend attractifs. « Il s’agit de pays largement sous-bancarisés. Nous implanter dans des marchés isolés nous permet de nous diversifier et de faire des bénéfices. Mais nous avançons encore prudemment. » De fait, les opérations africaines demeurent limitées. Sur un total de bilan de 16,9 milliards de dollars (12,87 milliards d’euros) au cours du dernier trimestre de 2012, seuls 240 millions de dollars proviennent des filiales africaines – essentiellement du Soudan.

La RD Congo, elle, ne pèse que 20 millions de dollars des avoirs de Byblos, mais cela devrait s’améliorer. En 2010, cette dernière y avait acquis une participation de deux tiers dans Solidaire Banque internationale. Familiarisée avec le pays, elle cherche à accélérer ses opérations et prête plus activement. « C’est encore un très petit marché pour nous. Mais nous allons bientôt commencer à y démultiplier notre bilan », note Sami Haddad. Par ailleurs, le Ghana et l’Angola sont envisagés, et la banque lorgne aussi la Libye, étant donné sa manne pétrolière et son potentiel économique à long terme. En outre, forte du succès de ses trois filiales en Irak, Byblos compte en ouvrir deux autres cette année dans ce pays. « C’est l’une de nos opérations les plus rentables », souligne-t-il.

La note B1 accordée à l’établissement témoigne de l’inquiétude de Moody’s.

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Difficultés

Reste que le développement sur des marchés à risques n’est pas sans difficultés. L’une de ses principales opérations à l’étranger, en Syrie, a ainsi tourné au désastre. La guerre civile dans laquelle le pays s’enlise a mis KO l’économie et le secteur bancaire. Les principales banques libanaises qui s’y sont développées y sont d’autant plus actives. « Nous continuons malgré tout à envisager d’un bon oeil la diversification géographique, car elle limite la dépendance au risque souverain du Liban. Dans ces pays, les profits doivent être évalués à la lumière des risques politiques et de l’environnement opérationnel », soulignait Moody’s dans sa dernière évaluation de Byblos Bank.

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La note B1 accordée à la banque, bien en deçà de sa cote de crédit, est stable, mais témoigne d’une inquiétude à l’égard des marchés à risques où elle opère. « Les opérations régionales de Byblos Bank, notamment en Syrie, exacerbent les risques encourus », indique l’agence de notation. « Nous avons été durement frappés en Syrie ; nos opérations s’y sont effondrées, reconnaît Sami Haddad. Nous faisons de grosses provisions, ne prenons plus de dépôts et n’accordons plus de prêts. » De fait, près d’un tiers des prêts effectués n’ont pas été remboursés, et ce ratio devrait s’aggraver avec la prolongation du conflit.

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