L’Europe sur le marché éducatif africain

Les accords entre les écoles occidentales et celles du continent se multiplient. Marchés potentiels pour les premiers, qualité des formations pour les seconds : chacun y trouve son compte.

Publié le 17 mai 2010 Lecture : 4 minutes.

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Comment acquérir un véritable rayonnement international, développer réputation et savoir-faire et, éventuellement, accéder à un nouveau « marché éducatif » ? Les grandes écoles et universités européennes ont trouvé la formule et l’ont vigoureusement développée ces dernières années : c’est celle des partenariats avec des écoles et universités étrangères. Ceux-ci peuvent aller du simple accueil d’étudiants à l’ouverture d’établissements à part entière, en passant par l’échange de chercheurs et d’enseignants.

Certains établissements européens ont fait de ce type d’échanges leur spécialité. C’est le cas d’Euromed Management, école de commerce née à Marseille et qui a déjà essaimé à deux reprises de l’autre côté de la Méditerranée.

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Cette école de gestion, après avoir développé par ailleurs plus d’une centaine de partenariats, a franchi un nouveau cap en 2009 en ouvrant au Maroc un établissement qui se veut en tout point identique à l’école marseillaise. « Dans trois à cinq ans, il y aura 1 200 étudiants sur notre campus de Marrakech ; ils subiront la même sélection à l’entrée, suivront les mêmes cursus sous l’égide d’un corps professoral franco-marocain et obtiendront à la fin un double diplôme marocain et français », annonce Stéphane Boiteux, directeur général associé d’Euromed Management. Objectif : proposer aux secteurs en pleine expansion au Maroc – le tourisme, l’agroalimentaire, la logistique notamment – les mêmes professionnels de la gestion, du marketing ou des finances que ceux que l’école forme en Europe. Dans un pays en pleine croissance, l’affaire ne peut être qu’intéressante. Euromed en fait le pari, les élèves se presseront à ses portes…

L’école marseillaise, si elle signe là son projet international le plus abouti, n’en est pas à son coup d’essai. Dès le début des années 2000, elle a participé – avec l’université Lille-2, HEC et ESCP Europe – au consortium qui a accompagné la création, à Alger, de l’École supérieure algérienne des affaires (Esaa). Un master en gestion, un MBA et divers programmes de formation continue y sont désormais proposés à quelque 300 à 350 étudiants.

Les avantages pour les écoles partenaires, notamment en Afrique, sont un accompagnement académique dès l’élaboration des cursus et la possibilité de tirer profit du « label de qualité » acquis par l’organisme européen. Enfin, les entreprises qui apportent généralement leur appui à ces opérations peuvent espérer bénéficier, à terme, de personnels mieux qualifiés dans les pays concernés. Des intérêts partagés qui jouent un rôle incontestable dans la constitution de pôles éducatifs d’excellence sur le continent.

Filières communes

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D’autres écoles françaises font le même choix. Comme l’École de management de Bordeaux (BEM), qui a ouvert en 2008 un établissement de dimension régionale à Dakar. Là aussi, il s’agit de former des managers opérationnels pour les entreprises de la région. Dès sa première rentrée dans la capitale sénégalaise, BEM-Dakar a d’ailleurs accueilli des étudiants représentant une quinzaine de nationalités. Elle entend également mettre l’accent sur la formation continue, un marché florissant sur lequel la demande des entreprises est forte, tandis que l’offre de qualité est encore balbutiante.

Si ces dernières années les écoles de management ont le plus souvent ouvert la voie, les formations scientifiques et techniques ne sont pas en reste. La liste des partenariats africains développés par une école comme Télécom Bretagne, par exemple, est impressionnante. Dès le début des années 2000, en Tunisie d’abord, puis au Maroc, au Bénin et au Sénégal, cette très réputée école d’ingénieurs a multiplié les accords sous des formes très diverses : mise en place de filières communes, échanges de professeurs et d’étudiants, projets de recherche communs se succèdent année après année. « Cela nous permet d’accueillir de très bons élèves qui contribuent à la qualité de nos programmes de recherche et qui sortiront avec le diplôme d’ingénieur de Télécom Bretagne », explique María Fernanda Le Goff, responsable du service des Relations internationales de l’école.

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Qualité académique unique

Dans cette recherche d’excellence, les écoles du Sud ne sont pas en reste. Exemple parmi les plus significatifs, la toute jeune École des ingénieurs d’Afrique centrale (Esiac) née en avril 2008 à Douala. Créée sous l’impulsion de Jean Ngwem, ingénieur des mines franco-camerounais et chef de projet chez Alcatel en Afrique centrale, l’école s’est d’emblée placée sous le signe de l’excellence. Ses partenaires ? L’École des mines de Douai, l’Institut des sciences et techniques des Yvelines, l’école Télécom & Management SudParis, et quelques autres institutions du plus haut niveau. Ce petit établissement très ambitieux vient également de signer, en mars dernier, une convention avec le Centre national des arts et métiers (Cnam), qui accueillera dès la rentrée prochaine des étudiants de l’Esiac. « Ces écoles accompagnent la démarche pédagogique et assistent la direction camerounaise, des épreuves d’admission jusqu’à l’organisation des examens », souligne Jean Ngwem. « Du même coup, les entreprises qui les connaissent bien parrainent nos étudiants à Douala ; elles savent à qui elles ont affaire… » Au final, une qualité académique unique dans une Afrique centrale bien plus démunie en matière de formations scientifiques et techniques de haut niveau que ne le sont l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb. Pour l’instant, les étudiants camerounais, qui ne sont formés que durant un an à Douala, terminent leurs études chez leurs partenaires français. À terme, venus de toute l’Afrique centrale, ils devraient avoir accès à la totalité de la formation dans la capitale camerounaise.

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