Danny Faure, l’homme du renouveau
Cité en modèle, le ministre seychellois des Finances est le principal artisan du redressement de son pays.
Il paraît que le travail et l’audace paient toujours. Le ministre des Finances des Seychelles, Danny Faure, nommé en 2006, ne va pas dire le contraire. Il y a dix-huit mois, celui qui reçoit très simplement dans son bureau, en chemise à manches courtes et à fleurs, réforme son pays à grands coups de sabre pour le sauver de la banqueroute. Pari risqué. Mais pari gagné. Pour l’heure.
En mars dernier, Peter Sinon, le directeur exécutif de la Banque africaine de développement (BAD) pour l’Afrique de l’Est, de passage à Victoria, l’a invité à présenter ses réformes lors de l’assemblée générale de l’institution, fin mai à Abidjan. Selon lui, l’expérience des Seychelles intrigue plusieurs pays africains. La Banque mondiale lui a également proposé de témoigner, à Washington. « Il jouit d’une grande reconnaissance, tant au niveau du FMI que des bailleurs bilatéraux », indique un diplomate en poste à Victoria. Dans les couloirs du Club de Paris, où il a obtenu un allègement de 45 % de la dette du pays en avril 2009, on ne tarit pas d’éloges à son endroit. « Après son intervention, tout le monde parlait de lui », révèle Pierre Laporte, le gouverneur de la Banque centrale des Seychelles.
Alléger la dette
Au port ou dans les rues de Victoria, où l’on trouve les victimes de ses réformes, on ne veut pas l’accabler. Même les patrons, longtemps ignorés des autorités, ne lui trouvent guère de défauts. « S’il ne nous suit pas toujours, au moins il est ouvert au dialogue », juge Nicole Tirant-Ghérardi, la secrétaire générale de la Chambre de commerce et d’industrie des Seychelles.
Alléger la dette, relancer la dynamique économique (la croissance devrait être de 4 % en 2010, contre – 8 % en 2009) et satisfaire les « recommandations » des institutions de Bretton Woods a été le remède de cheval administré par Danny Faure. Mais s’il s’est plié à la plupart des exigences du FMI, il n’a pas capitulé pour autant. « Il n’était pas question de toucher à des acquis », explique-t-il. Éducation et santé gratuites, assistance sociale aux plus pauvres, régimes de retraite… ont subsisté.
Car Danny Faure est « le fruit » d’un système et il ne compte pas le brader. S’il se dit « pragmatique », c’est aussi un héritier du socialisme. Né en 1962, le petit Danny, enfant de chœur, veut devenir prêtre. Sa vocation s’émousse en suivant son oncle dans les meetings du Spup, le futur SPPF (pro-soviétique) d’Albert René. Au début des années 1980, il fera partie des premiers étudiants seychellois à obtenir une bourse pour étudier les sciences politiques à Cuba et se frotter aux idées révolutionnaires. Une expérience « inoubliable », se souvient-il.
Privatisations
Discret et casanier, timide, fuyant les réceptions, passant des heures à méditer, travaillant dur et dînant tous les soirs avec ses quatre enfants, rien ne le prédisposait à l’action politique. Pourtant, il est le secrétaire général du Lepep (le nouveau nom du SPPF) et est présenté comme le successeur de James Michel à la tête du pays. Le destin des deux hommes est lié depuis des années. À son retour de Cuba, Faure intègre le ministère de l’Éducation au côté de Michel. Il y restera vingt ans, dont huit en tant que ministre. « Nous avons une relation particulière », concède Danny Faure. Pour beaucoup, lui succéder semble logique. « Je n’y pense pas. J’ai déjà assez à faire », dit-il. En 2010, il s’attaque à la fiscalité, à la privatisation des entreprises publiques, veut promouvoir les PME, « ne pas pénaliser les plus démunis » et « instaurer un système juste ». À croire qu’il ne s’interdit pas non plus de rêver.
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