Chute d’une étoile

Essayiste brillant et protégé du Premier ministre, Shashi Tharoor rêvait de réformer les mœurs politiques dans son pays. Accusé de corruption, il a démissionné.

Shashi Tharoor a démissionné le 18 avril. © Reuters

Shashi Tharoor a démissionné le 18 avril. © Reuters

Publié le 27 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Après onze mois fertiles en dérapages divers à la tête du secrétariat d’État indien aux Affaires étrangères, le flamboyant Shashi Tharoor (54 ans) a finalement jeté l’éponge : le 18 avril, il a remis sa démission au Premier ministre, Manmohan Singh, qui l’a promptement acceptée. C’est une ténébreuse affaire de corruption présumée qui a précipité sa chute. Pour le remercier d’avoir facilité l’admission de l’équipe de cricket du Kerala, État dont il est originaire, dans le très populaire championnat national, les dirigeants du club avaient en effet offert gratuitement à l’une de ses proches amies – sa compagne, disent certains – une participation au capital d’un montant avoisinant 15 millions de dollars.

L’opposition menaçant de perturber les prochains débats budgétaires s’il s’obstinait à ne pas démissionner, le chef du gouvernement, dont il était pourtant un protégé, l’a, à regret, poussé vers la sortie. Le ministre était également très proche de Sonia Gandhi, la patronne du Parti du Congrès, au pouvoir. Diplomate, haut fonctionnaire international et brillant essayiste, Tharoor a fait l’essentiel de sa carrière aux Nations unies, où il fut l’un des adjoints de Kofi Annan. Revenu en Inde après l’échec de sa candidature au poste de secrétaire général, il s’est lancé en politique, puis, en 2009, s’est fait élire au Parlement. Désireux d’insuffler du sang neuf à leur formation, il est vrai un peu essoufflée, les dirigeants du Congrès ont alors favorisé son entrée au gouvernement.

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Hélas, maîtrisant mal les arcanes de la politique indienne, Tharoor a pris un malin plaisir à bousculer l’establishment, tantôt en affichant ses goûts de luxe (il préfère de beaucoup les hôtels cinq étoiles aux bungalows coloniaux mis à la disposition des parlementaires), tantôt en étalant publiquement ses différends avec certains de ses collègues, par Twitter interposé. Utilisateur assidu du réseau social, il en a irrité plus d’un par ses microblogs empreints d’une liberté de ton très inhabituelle. Il en paie aujourd’hui le prix. Paradoxalement, les soupçons de corruption qui pèsent sur lui évoquent étrangement les mœurs politiques que Tharoor avait justement entrepris de réformer.

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