RD Congo : Trust Merchant Bank ou l’histoire d’un pionnier
En neuf ans d’existence, la première banque de détail congolaise est parvenue à monter le plus grand réseau du pays.
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Mi-mai, en ouvrant son agence au Katanga (Kasaï-Occidental), la Trust Merchant Bank (TMB) a mis la dernière main à son projet d’expansion géographique, entamé en 2009. Elle devient du même coup la seule banque présente dans chacune des onze provinces congolaises. Fondée en 2004, la TMB, qui affiche un total de bilan de 295 millions d’euros, est déjà la quatrième banque du pays. Surtout, elle se targue de posséder le premier réseau de l’État, soit 65 agences et guichets. Résultat, sur les 2 à 2,5 millions de comptes en banque de RD Congo, elle en détient quelque 400 000, devançant ses deux principales concurrentes dans la banque de détail, ProCredit, filiale locale d’une banque allemande, et la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (Biac).
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La TMB, forte d’un résultat net de 872 000 euros, est née à Lubumbashi, au Katanga, sous l’impulsion de Robert Levy. Âgé d’à peine plus de 30 ans, il se lance dans l’aventure au lendemain de la guerre civile, après avoir été agent de change pendant dix ans. Une expérience qui lui a ouvert les yeux sur le potentiel de l’activité bancaire en RD Congo : « Avant notre arrivée, le métier de banque de détail était ignoré. Les établissements s’adressaient seulement aux entreprises et aux personnes fortunées. Que les gens ne puissent pas avoir de compte bancaire me révoltait ! »
C’est ainsi que, lorsque la Banque centrale baisse ses exigences de fonds propres à 1,5 million de dollars (1,19 million d’euros), il emprunte de l’argent à son père et demande un agrément, accordé fin 2003. « On a avancé comme des cow-boys et on a fondé la première vraie banque de détail de RD Congo », s’enthousiasme Robert Levy. « La révolution du secteur bancaire congolais était portée depuis Kinshasa par ProCredit et depuis Lubumbashi par TMB », affirme, de son côté, Oliver Meisenberg. Né en RD Congo, ce dernier sait de quoi il parle : avant de diriger la TMB, il a été, entre 2005 et 2008, le directeur général et l’architecte de ProCredit au Congo. « Comme je voulais m’adresser à la masse, c’était à moi de m’adapter au milieu, explique Robert Levy, actionnaire avec sa famille à 95 %. J’ai donc proposé une formule très simple : il suffisait d’une pièce d’identité et d’un dépôt minimum – qui n’est plus nécessaire aujourd’hui – pour ouvrir un compte. Au début, l’argent tombait facilement. »
Avant notre arrivée, les établissements s’adressaient seulement aux gens fortunées
Transformation
Très vite, la TMB propose ses services aux entreprises, dont beaucoup sont actives dans le secteur minier, ainsi qu’aux petites structures. Les actionnaires réinjectent tous les dividendes dans la banque. « Sans cette précaution, nous n’aurions pas pu financer le plan de transformation qui a permis à TMB de survivre quand la crise de 2008 a stoppé net l’économie du Katanga », explique Oliver Meisenberg. À l’époque, présente seulement dans la région minière, la banque est obligée de repenser sa stratégie. « J’atteignais mes limites », reconnaît Robert Levy.
C’est alors qu’il décide de s’associer à Oliver Meisenberg. Ensemble, ils restructurent la banque, forment le personnel et, surtout, optent pour une diversification géographique. Ils espèrent ainsi multiplier le réseau par cinq en trois ans. « Cette approche entraîne des charges d’exploitation élevées, mais les bénéfices l’emportent largement », estime son fondateur. Aujourd’hui, il désire consolider ses implantations tout en continuant son expansion le long des couloirs économiques, telle la ligne de chemin de fer entre Kamina et Ilebo, sur le fleuve Congo. Et, pourquoi pas, sortir des frontières du pays…
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