Putsch ou bluff ?
Après le coup d’État déjoué du 18 avril, la HAT accuse Ravalomanana. Son camp dénonce une mise en scène.
Une vingtaine d’hommes, pour la plupart des réservistes, un pistolet automatique, le code d’entrée de la primature inscrit sur un bout de papier, des 4×4 et quelques treillis : est-ce suffisant pour organiser (et réussir) un coup d’État ? Les Malgaches n’y croient pas.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’arrestation, le 18 février au matin, de dix-huit hommes, dont trois officiers, qui s’apprêtaient, selon les autorités, à s’emparer de Mahazoarivo, le palais du Premier ministre, avant d’attaquer la présidence, laisse songeurs bon nombre d’observateurs. Le fait que les journalistes aient été informés avant l’intervention des forces de l’ordre et aient pu assister à l’attaque de la demeure où se « cachaient » les putschistes présumés n’y est pas étranger.
L’identité des « sauveurs » de la transition non plus : le lieutenant-colonel René Lylison, patron de la Force d’intervention spéciale (FIS), directement rattachée à la présidence, et Alain Ramaroson, le président de la commission de sécurité de la Haute Autorité de la transition (HAT), connu pour ne jamais sortir sans sa milice, qui ont mené l’arrestation puis l’interrogatoire des putschistes présumés, sont considérés comme les plus durs du régime – et les moins enclins à négocier avec Marc Ravalomanana. Un hasard avant la rencontre de Johannesburg, prévue le 28 avril, qui doit permettre à Rajoelina et Ravalomanana de renouer avec le dialogue ?
« Les hommes l’ont avoué, l’argent provenait de Ravalomanana, assure Ramaroson. Et les officiers à la tête de ce projet sont tous des proches de l’ancien président. Ils avaient pour mission de prendre la primature, où se trouvent 800 kalachnikovs, puis de foncer sur la présidence. » Ramaroson précise que « d’autres arrestations suivront ». Selon lui, « on ne peut pas faire confiance à Ravalomanana » ; il ne faut donc « pas se rendre en Afrique du Sud ». Le camp du président déchu crie de son côté à la mise en scène. « Ravalomanana est le coupable idéal. Mais il n’a aucun intérêt à agir de la sorte », a réagi Fetison Andrianirina.
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