Du Katanga au Nord-Kivu, les hommes forts des régions
Moïse Katumbi dans le Katanga, Julien Paluku dans le Nord-Kivu… Présentation des barons de la RD Congo.
Les 50 personnalités qui comptent
Dans l’eldorado minier du Katanga, deux hommes se partagent le pouvoir. En 2007, Moïse Katumbi, le riche homme d’affaires à l’allure sportive, s’est fait élire gouverneur sur un programme anticorruption et soigne aussi bien les gros investisseurs chinois que les petits creuseurs clandestins. Gabriel Kyungu wa Kumwanza, lui, préside l’Assemblée provinciale d’une main de fer. En janvier, quatre députés récalcitrants ont été violemment passés à tabac par une milice. « Du linge sale qui vient d’être lavé en famille », a alors déclaré celui qui était gouverneur de la province lorsque, en 1992, des centaines de milliers de « non-originaires », kasaïens pour la plupart, ont été chassés dans le sang. Aujourd’hui, finies les tentations sécessionnistes des années 1960. Prudemment, les deux hommes affichent leur soutien à Joseph Kabila.
Au Kasaï oriental, le diamantaire Alphonse Ngoyi Kasanji « fait également du Katumbi ». Pas de diplôme universitaire, mais du caractère. En 2000, il a tenu tête à Laurent-Désiré Kabila, qui voulait lui confisquer une pierre de 265 carats. D’où un séjour en prison. Aujourd’hui, il est gouverneur.
Dans le Nord-Kivu, Julien Paluku a du sens politique. Élu gouverneur en 2007, il a survécu à la guerre civile. Il s’appuie sur sa communauté nandé pour résister aux pressions de l’autre homme fort de la région, le Hutu congolais Eugène Serufuli. À Kinshasa, le pro-Kabila André Kimbuta n’a pas la partie facile dans une ville qui a voté Bemba. Mais l’ex-professeur de maths, devenu gouverneur, met les bouchées doubles pour rendre sa ville propre.
Enfin, dans le Bas-Congo, le cas de Ne Muanda Nsemi sort de l’ordinaire. Ce diplômé de chimie est le chef spirituel d’un mouvement politico-religieux, le Bundu Dia Kongo (BDK), qui mène la vie dure aux « non-originaires » et qui donne du fil à retordre au pouvoir central. En 2007 et 2008, les manifestations de BDK ont provoqué une sanglante répression. Le gouverneur Mbatshi Batshia a été intraitable. Mais Ne Muanda Nsemi a pu garder son mandat de député national.
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