Municipales : le RCD et le jeu des sept partis
Une campagne pas vraiment passionnante, un scrutin sans grands enjeux… Les élections municipales prévues pour le 9 mai auraient pu paraître ternes. Elles sont pourtant uniques dans leur genre… Et pas là où l’on s’y attendait.
Certes, la bataille pour la mairie de Tunis n’a pas eu lieu, faute de combattants. Mounir Ben Miled, un professionnel du tourisme, et Faïza Kefi, ex-ministre de l’Environnement et actuelle présidente de la Cour des comptes, que l’on donnait pour favoris au sein du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir), ont été écartés au profit du moins charismatique Mohamed Ben Mami. Depuis janvier dernier, le vice-président de la municipalité – qui est aussi un spécialiste des monuments de la médina de Tunis – assurait, par décret, l’intérim du maire, Abbès Mohsen, révoqué pour des raisons mystérieuses.
Prévisibilité des résultats
En dehors de ces attentes déçues, l’atmosphère était plutôt à l’indifférence et n’ont filtré que quelques contestations, notamment à Sfax, deuxième ville du pays, à Thala, dans le Centre-Ouest, et à Ksar Hellal, dans l’Est, où les « indépendants », qui ont de tout temps tenu la dragée haute au parti au pouvoir, ont dû, cette fois, retirer leur liste en faisant état de « pressions ».
L’originalité de ces élections tient plutôt au degré de prévisibilité des résultats, et au fait que le RCD et les sept autres partis en lice (dont cinq appartiennent à la mouvance présidentielle) jouent chacun dans leur propre pré carré. Le code électoral stipule en effet qu’un parti majoritaire ne peut, quel que soit son score, remporter plus de 75 % des sièges, les 25 % restants étant réservés à ses concurrents. Seul mouvement de masse, le RCD est ainsi assuré de remporter les trois quarts des 4 478 sièges à pourvoir, et donc, comme par le passé, la majorité et la présidence dans chacune des 264 municipalités.
Il pourrait de surcroît s’emparer de quelques-uns des 1 072 sièges restants, au cas où les autres formations ne parviendraient pas à présenter des listes dans toutes les circonscriptions ou à atteindre le seuil minimal requis (3 % des voix). Un cas de figure très probable dans plusieurs municipalités, en raison de la faiblesse de ces formations. Cette faiblesse est telle que les partis de la mouvance présidentielle en sont réduits à se « prêter » des candidats, et que le RCD se fait un malin plaisir de leur céder ceux de ses militants qu’il n’a pu placer sur ses propres listes !
Boycottage du PDP
Les débauchages ne sont pas rares. L’Union démocratique unioniste (UDU) s’est ainsi fait dépouiller d’un grand nombre de ses cadres par un dissident. À l’inverse, le Parti social libéral (PSL) se targue que ses listes sont à 100 % les siennes pour justifier qu’elles sont présentes en si petit nombre. Quoi qu’il en soit, les mieux lotis ne sont représentés que dans un cinquième des circonscriptions, et certains dans moins de 10 % d’entre elles.
Du côté des trois partis de l’opposition démocratique, ces élections sont loin de susciter l’enthousiasme. Le Parti démocrate progressiste (PDP) a décidé de boycotter le scrutin, comme il l’a fait pour les législatives et la présidentielle d’octobre 2009. « Le climat [actuel] se caractérise par un verrouillage politique », estime Maya Jribi, sa secrétaire générale. Le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) et le mouvement Attajdid participent symboliquement, en présentant des listes communes dans onze municipalités sur 264.
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