L’Afrique tient le choc
La croissance économique africaine a mieux résisté à la crise que celle des pays industrialisés. Mais le continent n’est pas encore tiré d’affaire.
L’optimisme d’Olivier Blanchard, chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), qui a annoncé, le 21 avril, à Washington, que « la reprise mondiale était meilleure que prévu », se fonde en partie sur l’étonnante résistance des économies africaines.
D’avance, on les avait imaginées submergées par le tsunami financier parti des États-Unis en 2008, les experts s’étant référés aux crises antérieures pour prédire le pire. Or ni l’Afrique du Nord ni l’Afrique subsaharienne n’ont basculé dans la récession : en 2009, la croissance s’est en effet maintenue dans le Maghreb (+ 2,9 %)et au sud du Sahara (+ 2,1 %), alors que les pays industrialisés plongeaient presque tous dans la récession.
Les prévisions publiées par le FMI confirment que le ralentissement les a peu affectés : dès 2010, le Maghreb connaîtra une croissance de 4,2 % et l’Afrique subsaharienne de 4,7 %, alors que la moyenne mondiale sera de 4,2 %.
Les statistiques du FMI permettent de distinguer trois catégories de pays sur le continent. D’abord, les exportateurs de produits pétroliers. Ceux-ci – en particulier l’Angola, le Ghana et le Tchad – ont souffert, en 2009, de la moindre demande énergétique de la part des pays industrialisés, mais la remontée des cours du pétrole leur promet une reprise spectaculaire (soit + 6,8 % en 2010 et + 7,1 % en 2011). À noter, au Maghreb, le cas de l’Algérie, qui ne fera pas mieux que ses voisins, pourtant moins riches en hydrocarbures.
Ensuite, les nations à revenu intermédiaire, qui repartent d’un bon pas, soit entre 4 % et 5 % de croissance. On notera encore que le mastodonte sud-africain est le moins dynamique de cette catégorie, puisqu’il a connu la récession (– 1,8 % en 2009) et qu’il redémarre plutôt mollement (+ 2,3 % cette année).
Pas tirés d’affaire
Enfin, les pays les plus pauvres. C’est parmi eux que la croissance sera la plus vigoureuse : elle culminera en 2011 à 6,7 %, avec une mention spéciale pour l’Éthiopie (+ 7,7 %) et la Tanzanie (+ 6,7 %).
Mais, rappelle le FMI, les pays africains ne sont pas pour autant tirés d’affaire. En effet, ils dépendent toujours des pays riches dont la faible croissance affectera durablement leurs revenus. Leurs exportations devraient en pâtir, tandis que les sommes allouées à l’aide au développement et les transferts d’argent des émigrés vers le continent devraient diminuer.
Au sud du Sahara, le grand défi consiste toujours à attirer les capitaux privés générateurs d’emplois et de revenus, le tiers des pays se trouvant coupés des marchés financiers internationaux.
Jugeant la vision du FMI exagérément optimiste, l’ONG Oxfam a publié, le 21 avril, un communiqué en forme de mise au point. Selon sa porte-parole, Elizabeth Stuart, le Fonds se contente d’analyser les taux de croissance pour annoncer la fin de la crise, alors que les pays pauvres ont été obligés de tailler dans leurs dépenses agricoles, d’éducation, de santé et de protection sociale, faisant ainsi « l’exact contraire de ce dont ils ont besoin ».
Selon les calculs d’Oxfam, la crise aurait creusé un « trou » de 65 milliards de dollars en 2009-2010 dans les budgets des 56 pays qu’elle a étudiés. Et l’ONG de s’insurger qu’« en dépit des promesses du G20 et des pays donateurs d’aider les pays pauvres à surmonter la crise, 13 % seulement de ce trou a été comblé par des dons » – ce qui a obligé les États en difficulté à recourir à des emprunts onéreux.
Oxfam conclut en appelant les pays riches à se préoccuper un peu moins du sauvetage budgétaire de la Grèce et un peu plus de l’aide aux plus pauvres, qui ne sont pour rien dans la crise qui les frappe.
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